Les prophètes en sont venus, par la réflexion solitaire, la méditation sur leur existence et celle de leurs prochains, à comprendre que l’Homme possède les moyens de tendre vers une existence plus sereine et organisée si chacun fait l’effort de devenir maître de ses passions. Il existe une part de divin dans chaque individu, qui ne tend qu’à être exploitée de la meilleure manière possible, afin d’approcher de la divinité. Peu ont réussi à établir un lien direct avec le divin mais y sont parvenus à travers la maîtrise quasi parfaite de leurs émotions, l’aide qu’ils ont pu apporter à leurs prochains, amenant la part de divin qui sommeillait au creux de leur âme à son paroxysme.
La découverte de la spiritualité est donc venue de l’Homme lui-même, à travers les trois grandes figures que sont les prophètes. Chacun d’entre eux, par ses réflexions et ses interrogations a su compléter le travail de ses prédécesseurs, apportant à chaque fois une nouvelle vague de fraîcheur à la pensée religieuse. Aujourd’hui, il devient donc clair que la Foi fait partie de la vie quotidienne. Loin d’être intrusive, elle sert plus de référent et de guide pour des fidèles dont l’esprit peut être tourmenté et sujet à de nombreux doutes.
L’âme constitue donc l’essence de chaque être humain. C’est le réceptacle des pensées, des interrogations, des doutes et des émotions. Le corps n’est finalement qu’un véhicule pour l’âme de l’Homme, qui lui permet de s’épanouir et d’éprouver le monde. L’Homme est garant de son état, l’entretenant par ses actions et ses réflexions. Bien que le lien avec le divin soit individuel puisque chacun est le garant de son âme, l’Homme vit en société et doit apprendre à dominer ses émotions pour que chacun puisse trouver son équilibre. Les moyens de la trouver sont nombreux et peuvent être différents pour chacun, tout comme les attentes des religieux à ce sujet. Une personne éduquée, qui porte sur ses épaules des responsabilités, devra être d’autant plus vigilante vis à vis de l'entretien de son âme, afin de donner le bon exemple à ceux qui n’ont pas la même éducation. Le degré d'effort est différent pour chaque individu, puisqu'un paysan peu éduqué qui saisit mal les principes de la foi aura plus de mal à comprendre les enjeux de la recherche de l'ataraxie.
A la mort de la personne et après l’enterrement ou la crémation du défunt, on considère que l’âme se détache de son corps. Toutes les âmes libérées de leurs enveloppes convergent alors toutes au même endroit, où elles sont libérées de toutes leurs humeurs et atteignent l'ataraxie. Elles acquièrent alors aussi la possibilité d'observer celles qui parcourent encore le monde dans leur enveloppe charnelle. Si les âmes libres parviennent à atteindre l'ataraxie recherchée, toutes ne peuvent y prétendre. En effet, celles qui n'ont pas fait l'effort de tendre à cet équilibre et à la maîtrise des passions se retrouvent séparées des autres.
Le lien avec la divine Prospertia ne se résume pas à la simple présence d'une entité divine extérieure à l'humanité. Le lien qu'entretiennent les Hommes avec Prospertia est plus intérieur. Si l'on devait résumer la chose simplement, nous pourrions dire qu'il sommeille en chacun une part de la divine, une part cachée mais bien présente qui tend à être développée par la réflexion, la maîtrise de ses humeurs, à l'image des trois prophètes. Le lien avec Prospertia est donc quasiment direct puisqu'elle est présente dans chaque être humain.
La transmission des grands préceptes de la foi s'est d'abord effectuée à travers les trois grands prophètes qui ont chacun apporté de nouvelles réflexions, contribuant ainsi au développement du Completionem. Si la transmission demeure majoritairement orale, la troisième prophétesse fut la première à rédiger des textes pour laisser une trace de sa réflexion. C'est notamment à elle que l'on doit la Démarche, un écrit visant à expliquer simplement les voies possibles pour tendre à la maîtrise de ses humeurs. Elle y reprend aussi les réflexions de ses prédécesseurs afin de former à l'écrit un véritable guide des bonnes pratiques du croyant.
Puisque le Completionem encourage la réflexion, certains se sont penchés sur la Démarche et considèrent qu'elle ne se suffit plus à elle même : les sociétés ayant grandement évoluées et se montrant de plus en plus développées, il devient difficile de réussir à coucher à l'écrit tous les besoins et les bons comportements à adopter face à une situation particulière. Le rôle des clercs demeure donc important puisqu'ils servent véritablement de guides et de conseillers face aux doutes et aux erreurs de l'Homme, dont ils ne sont eux-mêmes pas exempts. De plus, la réflexion des clercs tend largement à varier en fonction de leur rôle, de leur vision de l'ataraxie et du milieu duquel ils sont issus. Cela donne généralement lieu à de véritables débats entre religieux ou bien avec des fidèles : ce genre d'échange est presque devenu une coutume.
Les pratiquants du Completionem tendent à une vie faite de bonheur, de quiétude, de paix et de tranquillité. Tous ces sentiments sont rassemblés au sein de l'ataraxie, la recherche de la paix à travers la maîtrise de ses humeurs. En effet, chacun peut avoir des objectifs différents, des manières de chercher l'ataraxie différentes : c'est pourquoi on parle alors de maîtrise des passions. Si l'on devient capable de ne plus se laisser dominer par ses émotions et ses désirs, il devient possible de porter un regard clair et parfaitement objectif sur le monde qui nous entoure. Ce statut de clarté, de tranquillité et de contrôle représente l'apogée du développement de la part de divin qui sommeille en soi.
Le lien avec le divin demeure principalement individuel, puisque chacun doit tendre à la maîtrise de ses propres passion pour espérer trouver l'ataraxie. C'est un travail sur soi, fastidieux, qui demande beaucoup de réflexion personnelle. Cependant, l'Homme ne vit pas seul et doit donc apprendre à composer avec son prochain, qui porte la même part de divin en lui.
Si le Completionem et le Panthéon Hennequin se veulent aujourd’hui relativement neutres à l’égard de l’un comme de l’autre, ceux-ci ne demeurent pas moins opposés quant-à l'exécution de leurs rites individuels. L’union de deux individus différenciés par leur culte n’est en conséquence pas systématiquement tolérée ou appréciée.
C’est au Vème siècle que les premières tensions déchirant les deux cultes distincts fûrent ressenties tandis que le continent central s’ouvrait tout juste aux échanges commerciaux avec le continent hennequin. Ainsi, l’on assista parfois à diverses rixes opposant les différents fidèles. Ce n’est qu’à la fin du Vème siècle que les tensions religieuses s’apaisèrent d’elles même, les continents se refermant progressivement sur eux-même tandis que le choléra frappait de plein fouet les côtes hennequines et montelannes.
L’apparition de la dotation s’est avérée être un défi majeur pour le Completionem, qui a d’abord pensé que les dotés pourraient concurrencer leur influence sur les élites et les masses. Cependant, la première réaction du clergé a été plutôt timide, certains hiérarques considérant qu’il ne fallait pas dépenser trop de ressources face à un feu de paille. Mais la suite des événements leur a donné tort, et a obligé les autorités du Completionem à changer leur fusil d’épaule. S’il est impossible de contrôler tous les dotés, il est tout à fait envisageable de les considérer comme des individus ayant un fardeau supplémentaire à surmonter avant de pouvoir élever leurs esprits… et ainsi de les garder sous surveillance. Sous couvert d’aider ces hommes et femmes affligés de ce « mal », le clergé du Completionem a pour mission de les répertorier et de les garder sous contrôle en étant beaucoup plus exigeants sur leur connaissance de la foi. Afin de s’assurer de la fidélité des dotés les plus malléables, certains hiérarques du Completionem vont jusqu’à pousser leur intégration dans la réalisation des rites… Sans pour autant être sûrs de l’honnêteté des participants.
Les autorités religieuses locales ont pour mission de reconnaître les dotés dès la révélation de leur dotation et de les distinguer de par un tatouage réalisé sur l’épaule. Ainsi est apposé un cercle contenant une croix sur la peau du doté, celui-ci n’ayant d’autre choix que de se plier à ces mesures sous peine d’affronter de terribles conséquences (Au bon vouloir des autorités locales). Cependant, certaines factions completionistes telles que l’Ordre de Saint-Aimée-Des-Roses n’hésitent pas à se détacher de ces dogmes en demeurant d’autant plus sévères et violents dans les châtiments infligés aux dotés.
Le Completionem, dans sa volonté de contrôler les dotés, a aussi tenté de s’attirer les grâces de ceux disposant du don d’échomancie afin de traquer les réfractaires. Sélectionnés parmi les dotés les plus réceptifs aux idées du Completionem, les membres de la Confrérie des Sentinelles (surnommés par la population les « Renifleurs » pour leur capacité à remonter des traces de dotation comme des chiens) sont spécifiquement chargés de détecter les dotés refusant de se soumettre à leurs obligations. Ils disposent d’une totale autonomie pour l’application de leur mission et ont pour consigne de ne pas lésiner sur les moyens afin de découvrir leurs homologues réfractaires, leur hiérarchie allant jusqu’à fermer les yeux sur certaines de leurs actions. Grâce à leur réseau développé d’informateurs, les Renifleurs tissent leur toile dans de nombreuses régions et se chargent de faire revenir les signalements aux plus hautes sphères du Completionem, qui enjoignent ensuite les autorités civiles à procéder à la mise aux arrêts des réfractaires. Liés par un serment, les Renifleurs ne peuvent pas déserter et risquent la mort au moindre manquement de leur code d’honneur ou en cas de désobéissance. Il est donc extrêmement difficile pour un de leurs membres de quitter l’institution et de rester en vie, car il devient alors un fugitif à punir pour l’exemple.
Au sein du clergé complétioniste, le rôle des clercs est avant-tout un rôle de guide et de conseiller. La ligne de conduite la plus répandue est donc celle de l’observation et du conseil. Le clerc distribue des leçons de foi aux volontaires, les implique dans les tâches quotidiennes de l’église, recueillent les interrogations et les doutes des fidèles. Ils sont aussi chargés de mener les différents rites et évènements religieux au sein de leur communauté de fidèles. Il est cependant courant que les clercs les plus charismatiques arrivent à émerger, rendant la foi par endroits très doctrinale, où le respect est ancré dans les volontés propres du clerc qui est parvenu à se hisser à cette position. De tels cas restent rares mais constituent un problème épineux pour la Foi qui est rapidement frileuse quand il s’agit d’intervenir sur son propre clergé, par peur de ternir son image.
Les clercs disposent en réalité d’un pouvoir plutôt limité. Ils sont généralement respectés justement parce qu’ils n’ont pas des rôles de bourreaux mais d’observateurs. Certains dirigeants locaux acceptent volontiers leur présence, que ce soit en tant que conseillers ou bien même membres de la cour, tandis que d’autres voient d’un mauvais œil la présence de clercs dont ils ne peuvent théoriquement pas obtenir la pleine loyauté puisque ces derniers sont rattachés au Completionem. Dans ce cas, le seigneur local fait généralement bonne figure en se rendant aux évènements religieux et ne montre pas de signe d’hostilité pour se faire bien voir.
Pour les complétionistes, la violence occupe une place qui fait débat. En effet, si l’on considère bel et bien que le corps n’est qu’une enveloppe pour l’épanouissement à l’épreuve du monde, il n’est pas incohérent de tolérer ses services. Cependant, la violence en elle-même peut présenter une entorse à la maîtrise de ses humeurs. L’éternel débat tourne généralement autour de la question suivante : la fin justifie t-elle les moyens ?
Certains répondront donc que oui, la violence est parfois un mal nécessaire, car elle n’a finalement que peu d’impact, le corps n’étant que le véhicule de l’âme. Tandis que d’autres considèreront que la violence n’a que peu voir pas du tout sa place, constituant une nuisance pour le bon fonctionnement des sociétés et la maîtrise de ses passions.
Au delà des grandes rites et dogmes reconnus dans le monde entier, il est tout à fait courant que des pratiques plus locales émergent.
Les Canonistes : partisans d’un droit religieux, de l’utilisation accrue de textes auxquels se référer et de l’uniformisation de la pratique de la Foi.
Les Particularistes : partisans d’une religion coutumière attachée à la culture locale, sans sources écrites, adaptative selon le territoire et la population.
Les Innéistes : petit cercle de penseurs affirmant qu’il y a une part innée de divin en chaque âme et que son éveil n’est pas le fruit d’une intervention extérieure surhumaine.
La Première Onction marque l’entrée des jeunes femmes et jeunes hommes parmi la société des croyants : grâce à leur éducation et à leur maturité, ils sont aptes à la méditation et à la réflexion et peuvent tendre vers l’ataraxie. Le Premier Baptême est aussi emblématique de la coupure du lien de dépendance de l’enfant à ses parents. Il devient un individu à part entière, capable de raison.
La cérémonie consiste en une immersion totale ou partielle du futur croyant dans un récipient d’eau, au préalablement béni par un clerc sous l’oeil de témoins. Selon les coutumes, les communautés se réunissent en plus ou moins grand nombre autour du baptisé. Parfois, les spectateurs viennent verser de l’eau chacun leur tour sur la tête du baptisé pour symboliser son appartenance à la communauté.
L’Onction rituelle signifie l’entrée en méditation du croyant se recueillant à la paroisse ou chez lui.
Elle consiste à se laver le front, en trempant ses mains dans un bénitier ou autre récipient, afin de purger les impuretés qui entraverait la méditation.
Le mariage, tel que pensé par la Foi complétioniste, représente une association plutôt qu’une union. Au terme d’une longue période de fiançailles, les deux futurs époux se marient pour mener une vie commune, avec des objectifs partagés. Si chaque individu recherche la quiétude individuellement, une fois mariés, les époux se doivent tout de même d’accompagner leur conjoint dans l’accomplissement de ses objectifs personnels.
La cérémonie du mariage consiste en une profession d’engagement devant témoins, ou les époux confirment leur désir de partager leur existence et de mener à bien une vie propice à la tranquillité. Lors de leur déclaration d’engagement ils exposent leurs objectifs communs et la manière dont ils souhaitent y parvenir. Une fois que chacun des époux ait pu s’exprimer, le clerc vient les bénir. L’association des âmes est scellée par un geste hautement symbolique : les époux se tiennent le visage et posent leur front l’un contre l’autre afin de marquer leur attachement affectif et spirituel.
Les festivités et l’organisation du mariage sont intimement liés à la culture locale et aux envies des mariés. Bien que la convivialité soit de mise, les époux veillent généralement à ce que la cérémonie ne soit pas extravagante, ni bardée d’artifices.
Il n’est pas admis dans la foi complétioniste le fait de se marier selon le rite hennequin. Et une telle union est rejetée par les entités religieuses qui désapprouvent fortement un engagement si fort entre les mariés.
Note : L’institution du mariage est intimement liée au pouvoir politique car les époux se doivent d’avoir l’approbation de leur suzerain avant de se rendre devant l’autel.
Chez les complétionistes, il existe deux formes de funérailles, laissées à l’appréciation de la famille du défunt. La dichotomie portant sur les funérailles réside dans une appréciation théologique du rapport au corps. Les tenants de la crémation affirment que seule la destruction du corps permet la libération de l’esprit, les tenants de l’inhumation prétendent que l’âme quittent systématiquement le corps à l’heure du décès.
L’inhumation est le rite de funérailles le plus ancien et tend doucement à disparaître. Il est surtout pratiqué dans les environnements ruraux.
La dépouille du défunt est placée dans un cercueil, préparée préalablement par la famille ou les proches. Une oraison funèbre critique, mélangeant réussites et échecs ayant parsemés la vie du défunt, est prononcée par un clerc et un proche. Avant la fermeture du cercueil, le front du défunt est ceint d’un bandeau noir, symbolisant la clôture du “siège de l’âme”, libéré de son occupant.
La crémation est une tendance plus récente, d’abord pratiquée chez les classes aisées, elle tend à se démocratiser dans les milieux urbains et densément peuplés.
La dépouille du défunt est recouverte d’un linceul, amenée par la famille de l’ancien lieu de résidence du défunt au bûcher lors d’une procession silencieuse. Une oraison funèbre critique est prononcée, sur le même modèle que celui de l’inhumation. Avant d’allumer le bûcher, la tête du défunt est découverte, puis bénie par un clerc ou un proche.
La Foi complétioniste repose sur une tradition orale : la transmission des croyances et des valeurs religieuses se fait par l’intermédiaire de deux piliers.
La famille joue un rôle prépondérant dans l’épanouissement et l’émancipation de la foi chez les enfants. Les enfants en bas-âge participent aux rites, mais ne sont pas considérés comme membres à part entière de la communauté des croyants, tant qu’ils n’ont pas été baptisés. Le premier rapport à la religion est avant tout un rapport familial.
Ce n’est que vers l’adolescence où les jeunes femmes et hommes suivent des cours professés par les clercs. La participation aux cours se fait sur la base du volontariat. Usuellement, les clercs laissent les adolescents libres de pratiquer la foi à la fréquence qu’ils souhaitent. Bien qu’ils soient dans certaines communautés très mal vu d’être laxiste vis-à-vis de l’éducation religieuse, la doctrine préconise une émergence naturelle du besoin de Foi chez les enfants. Néanmoins, la société jette l’opprobre sur les jeunes adultes n’ayant pas achevé leur parcours d’épanouissement religieux avec la cérémonie de la Première Onction. En effet, des enfants et jeunes adultes dissipés et peu enclins à se consacrer à leur profession de foi peuvent être jugés inaptes à entrer dans la communauté des croyants. Par ailleurs, un jeune adulte qui n’est pas oint est souvent considéré comme un éternel enfant incapable de s’atteler aux responsabilités, qu’elles soient familiales ou politiques.
Le Completionem par le biais de ses institutions et des représentants chez les membres du clergé jouit d’une autorité morale. Il n’y a pas de droit, de règles ou de loi qui imposent l’autorité du Completionem sur les seigneurs et souverains. Nonobstant cette seule autorité morale, la voix du Completionem trouve sa force dans sa légitimité historique et traditionnelle. A l’échelle des royaumes et comtés, les seigneurs sollicitent parfois l’arbitrage de clercs reconnus ou d’importance pour résoudre des litiges sociaux ou politiques. A l’échelle plus locale, les paroisses peuvent être le lieu de conseils où les autorités des bourgs et villages viennent demander le point de vue de la Foi.
Si le Completionem influe sur les affaires courantes des seigneurs et leurs sujets, l’inverse est tout aussi vrai. Les grandes maisonnées jouent de leurs relations diplomatiques avec Farhas afin d’y placer des membres de leur famille ou des proches conseillers : des tractations pour obtenir une place de capital, influer sur l’élection du Princepe ou du Conseruat sont autant de lieux de pouvoir à investir par les maisons nobles. Par exemple, l’équilibre des forces au sein de l’assemblée des capitaux est assez changeant, bien que le Dominus Patrem soit vigilant à y maintenir une certaine stabilité, respectueuse des desideratas des maisons nobles. Il n’est pas interdit de penser que l’autorité morale exercée par le Completionem ait pu tout au long de son histoire prendre parti pour l’un ou l’autre royaume en fonction du rapport de force à l’intérieur des instances religieuses dirigeantes.
Si les considérations théologiques générales, les dogmes sont discutés et tranchés au plus haut niveau des institutions complétionistes, il serait erroné de croire que la hiérarchie religieuse est strictement verticale. Tout ne découle pas du sommet vers la base : les paroisses locales disposent d’une grande autonomie dans leur organisation et la gestion de leur patrimoine. En outre, chaque branche du Completionem est indépendante des deux autres : par exemple le clergé régulier n’a pas à rendre de compte au clergé séculier et inversement.
Le clergé séculier - au contact des croyants - sait tirer parti de son autonomie pour adapter les dogmes et la ritualité en tenant compte de la culture, des moeurs et habitudes locales. Afin d’éviter toute dérive sectaire ou sécessionniste au sein de la Foi, le Suscepil peut proposer au Dominus Patrem d’émettre un rescrit - un texte venant préciser une notion de foi ou proposer une interprétation théologique - auquel le clergé doit se conformer. Le rescrit permit à Farhas de réaffirmer plusieurs fois son autorité sur son clergé et d’éclaircir des zones d’ombres. Aujourd’hui, cette tendance s’accentue au plus grand plaisir des canonistes qui militent pour un droit religieux écrit qui ne ferait pas l’objet d’ambiguïté et uniformiserait les pratiques religieuses sur le continent. Le Conseruat rend de nombreux avis et conseille le Dominus Patrem sur les points théologiques nécessitant des précisions. Une frange majeure du clergé séculier s’oppose à une démultiplication des rescrits, voyant dans cet acte contraignant une tentative d’imposer une vision unique de la Foi, irrespectueuse des disparités locales.
Le Conseruat : Le Conseruat est un conseil de sept hauts personnages du clergé régulier. Ils sont tous votés par les Capitaux et le Suscepil mais une affaire récente commence à faire croire que le Dominus Patrem lui même voudrait élire et diriger les membres du Conseruat, une grande première et un bouleversement certains pour les moeurs assez conservateurs des Capitaux et du Suscepil. Les membres du Conseruat ne sont pas aussi présents que les Capitaux ou le Principe parmis la population. A vrai dire ils sont même assez reculés puisque ce sont eux qui ont fait voeux de pénitence en voulant s’isoler du monde dans quelques monastères importants. Ils ont la charge de se réunir régulièrement afin d’étudier et d'interpréter les textes religieux, de les décrire afin de normer les pensées religieuse du Completionem et de la genèse. En somme ce sont eux qui définissent tous les préceptes religieux que les croyants doivent appliquer. Cependant ils n’ont pas de droits politiques directs contrairement aux Capitaux bien qu’ils ont aussi pour charge d’administrer tous les monastères du Completionem.
Nota bene : Il n’est pas possible d’incarner un membre du Conseruat.
Les Grands Moines : Les grands moines forment une certaine élite parmis les moines communs. En effet ces derniers sont en charge d’un Monastère dont ils sont des sortes d’intendant. Ayant pour objectif la pérennité du Monastère, son entretien et son application des préceptes religieux. Ils sont généralement recommandés par les moines et proposés au Conseruat qui acceptent habituellement leur proposition.
Nota bene : Il n’est pas possible d’incarner de Grands Moines.
Les Moines : Les moines sont le corps du clergé régulier. Ils sont aussi les plus nombreux dans cette branche. Croyants ayant fait voeux d’isolement afin de se concentrer entièrement sur la Foi. Ainsi les moines vivent dans des monastères qui se sont souvent assez reculés bien qu’ils peuvent travailler de pairs avec les locaux. Le moine prie donc à tout heure du jour comme de la nuit avec:
1h20: les matines, les laudes. 7h: Prime. 8h: Messe et Lectio Divina. 10h: Tierce. 12h: Sexte. 14h: None. 16h: Vêpres. 18h45: Complies.
Entre temps, les moines mangent, dorment au Monastère mais peuvent en sortir lors des travaux, notamment aux vignes où d’importants cépages sortent des monastères locaux.
Premier messager et interprète de la parole divine, le Dominus Patrem est un lointain descendant des prophètes fondateurs de la foi complétioniste. Il est le suzerain de tous les seigneurs en Terre Sacrée, qu’ils soient nobles ou clercs. Il détient la pleine souveraineté sur le territoire : il exerce son pouvoir politique au nom de ses pairs de la Cathédrale Saint-Prosper et son rôle de guide suprême spirituel au nom de Prospertia.
Autrefois légitimé par son lignage, le siège du Dominus Patrem n’est plus remis à un héritier mais à un homme élu au Conclave parmi les Capitaux. Un conflit idéologique fit rage dans les rangs des élites religieuses au 13ème siècle sur la méthode de désignation du souverain spirituel : élection ou succession salique. Le conflit se solda en 1366 après la menace de nombreux schismes. Le litige remonte aux origines du Completionem lorsque les proches d’Imanéa - troisième prophète fondatrice - durent assurer la pérennité de l’autorité spirituelle. Prophétesse très charismatique et excellente rhéteuse, Imanéa sut rapidement que son successeur devait jouir d’une légitimité forte pour exercer son autorité. Le conflit fut solutionné en choisissant la méthode de succession salique, et c’est la fille d’Imanéa qui lui succéda. Cela déplut fortement aux paroisses des territoires des royaumes voisins et consomma une rupture entre le Dominus Patrem et de nombreux archiprêtres. Ils reconnaîtront son rôle de guide spirituel sans accepter un lien de suzeraineté entre paroisses et Farhas.
De cet affrontement entre partisans d’une lignée de sang et ceux de l’élection du “premier parmi les pairs” se fonde l’incapacité du Dominus Patrem à imposer une uniformité des pratiques de la foi chez les communautés des croyants des royaumes voisins. Si chacun s’accorde sur les mythes fondateurs et les dogmes principaux, les archiprêtres renâclent à se subordonner à une autorité supérieure. Plus récemment, l’émergence d’une pensée canoniste - souhaitant la production d’un droit religieux uniforme sur le territoire de toutes les paroisses - au milieu du 15ème siècle conduit à des changements drastiques dans la politique de Farhas et de son jeu d’acteurs.
Depuis 1466, le Dominus Patrem n’est plus uniquement le successeur d’une lignée, mais aussi un élu investi par le vote des Capitaux réunis en Conclave. La pratique démontre que le choix du Dominus Patrem se fait toujours parmi l’aristocratie historique de Farhas, dont les descendants des prophètes.
Le Dominus Patrem use de plusieurs instruments pour faire valoir son autorité sur la Foi dont les rescrits qui sont des éclaircissements sur des points de droit religieux ou les sanctifications des archiprêtres subordonnés à Farhas. Le Dominus Patrem accroît depuis les dernières décennies l’utilisation des rescrits pour discipliner le clergé séculier et bannir officiellement des pratiques religieuses non-conformes à la vision prônée par Farhas. Les sanctifications font office de légitimation du pouvoir de l’archiprêtre par le guide suprême de la Foi : le Dominus Patrem bénit l’élection des archiprêtres par leurs conciles et les investit alors officiellement.
Historiquement, le Dominus Patrem a toujours béni le couronnement des souverains des royaumes complétionistes : rois de Monteleone et Södertälje, le prince de Gaçaferi. Cette pratique apparue avec l’affirmation des premiers souverains s’imposant aux seigneurs locaux et la participation du Dominus Patrem à leur couronnement accrut significativement leur légitimité à gouverner.
L’actuel Dominus Patrem est Verres Hiriguain.
Nota Bene : Il est impossible de jouer le Dominus Patrem, ni même de l’inclure au cercle de connaissances de votre personnage.
Le Suscepil est l’individu au sommet de la pyramide administrative de la Terre Sacrée. Il est nommé à la discrétion du Dominus Patrem, sans vote d’approbation par le Conclave. Il n’est pas un clerc mais un noble Il conduit la politique de la Terre Sacrée au nom du Dominus Patrem et supervise la production d’une législation religieuse de concert avec le clergé régulier et le clergé séculier. L’office de Suscepil est récente et serait le fruit d’une stratégie d’influence toujours plus croissante de la frange des canonistes. Pour épauler le Dominus Patrem dans sa “reconquête des paroisses” du continent et dans la réaffirmation de son autorité sur le clergé séculier, les canonistes choisirent de proposer la création d’un poste spécialiste de la question du droit religieux.
Depuis sa création en 1484, le Suscepil fut toujours sélectionné parmi les membres de l’aristocratie farhésienne et jamais parmi les capitaux. Il était primordial aux yeux des canonistes que le Suscepil soit un fidèle du Dominus Patrem, sans affiliation avec le Conclave qui tendra à réunir de plus en plus de ressortissants des royaumes voisins. Il est bien connu de tous que Farhas demeure vigilant sur l’accroissement du nombre de Capitaux et veille à l’équilibre des forces au sein du Conclave.
Il existe un lien de quasi filiation entre le Suscepil et les moines du clergé régulier en Terre Sacrée. Les moines sont la plume des hautes autorités religieuses de Farhas puisqu’ils rédigent les textes sacrés reprenant les mythes, dogmes et enseignements religieux. Ces écrits commencent timidement à être diffusés sur le continent et sont un outil d’influence majeur. Les moines participent également aux réflexions sur les questions théologiques et de droit religieux - le clergé fait parfois office d’incubateur de projets de législation religieuse en menant des discussions sur les enjeux spirituels et les bonnes pratiques de la Foi.
Le Suscepil ne détient pas de pouvoirs propres, puisque les actes qu’il prend sont visés directement par le Dominus Patrem. Néanmoins, il ne faut pas négliger sa capacité à conduire les affaires de Farhas : il est le pivot des institutions et communiquent avec chacune d’entre elles. Il peut aussi représenter le Dominus Patrem lorsque celui-ci s’absente.
L’actuel Suscepil est Gasteiz Riggion.
Nota Bene : Il est impossible de jouer le Suscepil, ni même de l’inclure au cercle de connaissances de votre personnage.
Le Conclave est une instance se réunissant périodiquement pour élire le Dominus Patrem, sur le modèle des conciles paroissiaux qui désignent leur archiprêtre. Le Conclave agrègent des capitaux qui sont pour la plupart des archiprêtres, sauf exception. Il se
Le Conclave peut être convoqué en séances exceptionnelles par le Dominus Patrem pour évoquer des questions diplomatiques de premier ordre, de politique intérieure ou pour soumettre des décisions importantes au vote des Capitaux. Les sessions exceptionnelles du Conclave sont fréquemment utilisées pour légitimer par le vote des décisions sensibles politiquement. L’Officiarius, chef du clergé martial siège au Conclave : il peut prendre la parole et intervenir dans les débats mais n’a pas le droit de vote.
Jeune institution - créée en 1465 - et haut lieu de pouvoir, le Conclave suscite toutes les convoitises de l’aristocratie farhésienne mais aussi des aristocraties montelannes, gasques et sodertalloise. En effet, le Conclave est un instrument d’influence pour les seigneurs, puisqu’il intervient dans l’élection du guide suprême de la foi complétioniste et la politique extérieure de la [[Terre Sacrée]]. Si ses membres sont avant tout des archiprêtres des paroisses voisines de Farhas, le Conclave gagne de nouveaux membres d’année en année. Il est devenu intéressant pour les rois, comtes et seigneurs qui poussent de plus en plus les archiprêtres à reconnaître la suzeraineté du Dominus Patrem et obtenir ainsi une place au Conclave pour influencer les hautes instances de la Foi.
On dénombre aujourd’hui 23 Capitaux, dont douze sont des archiprêtres de la Terre Sacrée. Les autres sont des archiprêtres ayant récemment prêté allégeance au Dominus Patrem : parmi ceux-là on retrouve notamment deux archiprêtres de Chiuggia, ceux de Söndsvall et de Hyseni-Luya, ceux de Rosenza et Faenza ainsi que bien d’autres. Le titre de Capital revêt un aspect politique, mais aussi honorifique : les archiprêtres siégeant au Conclave sont toujours nommés Capitaux ou Archiprêtre-Capitaux, y compris en dehors des sessions.
Nota Bene : Il est impossible de jouer un Capital, ni même d’en inclure au cercle de connaissances de votre personnage.
1465 : Création du Conclave et des Capitaux.
1466 : Première élection d’un Dominus Patrem par le Conclave.
1484 : Création du poste de Suscepil.
1511 : Le Conclave élit Verres Hiriguain comme Dominus Patrem.
1512 : Gasteiz Riggion est nommé Suscepil par le Dominus Patrem.
Page annexe :
Genèse
Nota bene général sur l’œuvre ci-dessous : La religion est grandement inspirée par le catholicisme et la langue latine.