Bâtie en 932, la ville de Faenza, capitale du comté du même nom, fut l’une des premières grandes villes du royaume de Monteleone. Renommée pour son terrain plat et fertile grâce aux berges du Fleuve Sanguin et entourée par les Monts Anelli, la cité réunit les critères pour se développer en une ville commerciale et de grande envergure. Sa localisation idéale, aux frontières orientales de la principauté de Gaçaferi et au sud de la Terre Sacrée, permit à Faenza de devenir une véritable plaque tournante du commerce international.
La cité, sans compter les champs et les bicoques des serfs, est divisée en quatre quartiers aux ambiances bien différentes : le quartier de la Criée, le quartier des Rues Pavées, le quartier des Érudits et le quartier d’Ascanio. Extra-muros se trouvent enfin de riches étendues de terres où d'importantes cultures de Safran prennent place.
Au pied des murs de Faenza trônent les champs céréaliers et les vergers de la cité. Il existe un véritable village hors des grands murs, où réside la plupart des serfs et des personnes les plus pauvres. Seulement protégés par quelques tours de garde ainsi que les patrouilles des gardes qui s’assurent que la population travaille correctement, les personnes habitant et s’affairant dans cette partie de la ville sont les premières victimes des attaques et de l’insécurité. Il existe cependant une infime partie des terres agricoles de la ville qui sont encerclées de murs en raison de leur préciosité : les champs de safran. Les paysans qui s’occupent de ces plantations luxueuses aux couleurs vives sont donc mieux logés que leurs collègues, demeurant dans les petites enceintes des champs fortifiés. La vie des serfs qui travaillent hors des murs de Faenza est généralement rythmée dans cette zone, celle-ci comptant de petits marchés, quelques auberges et autres bâtisses indispensables.
Le quartier de la Criée est le premier quartier dans lequel on se trouve en entrant dans Faenza. Placé autour d’une grande place pavée surélevée par rapport aux portes, le quartier rassemble l’effervescence de la grande cité. Baptisé pour faire honneur au bruit constant causé par l’activité de la ville qui passe par ce centre, le quartier regroupe un tas de bâtiments. Entrepôts, tavernes populaires, maisons d’alleutiers, innombrables échoppes et diverses ruelles font de la Criée une véritable fourmilière où le tohu-bohu ne cesse jamais. C’est également ici que l’on retrouve le grand marché hebdomadaire de Faenza, où l’on peut trouver toutes sortes de denrées.
La vitalité du quartier en fait un lieu sale. Les rues sont humides et boueuses, dégagent une odeur pestilentielle et remplies de personnages plus ou moins déconsidérés tels que des gourgandines et des ivrognes.
Le quartier des Rues Pavées est situé au nord-est de la ville, derrière la Criée. Composé d’une multitude de ruelles étroites qui serpentent parallèlement les unes à côté des autres, les Rues Pavées est un quartier très dense et s’étalant plus vers la hauteur que la largeur afin d’économiser de la place, celui-ci ayant atteint ses limites en se collant presque aux murs de la ville. Relativement calme et propre, le quartier comporte des commerces vendant des productions et services plus précieux que ceux du quartier de la Criée. Ainsi, l’on peut retrouver dans les Rues Pavées de nombreuses bijouteries, des ateliers de tailleurs, de fastes tavernes, des maisons de jeux ou encore des bordels parmi les hautes maisons de la bourgeoisie faenzaloise. De petits squares et places sont disséminées avec parcimonies dans le quartier, offrant un peu de luminosité et d’air dans les rues concentrées. Les manoirs de la haute bourgeoisie et de la petite noblesse gravitent généralement autour de ces lieux où les prix sont exorbitants, en périphérie de l’asphyxie des bâtiments.
La propreté et le certain faste qu’apporte sa population et ses commerçants accordent au quartier une réputation de lieu calme et reposant comparé à la folie des rues populaires de la ville. Ainsi, les gardes citadins tentent généralement de tenir la populace à l’écart des Rues Pavées s’ils n’ont rien à y faire.
Établi sur le flanc de la petite colline qui surplombe le Fleuve Sanguin, le quartier des Érudits est situé au sud-ouest de la Criée et constitue la seule voie pour entrer dans l’illustre quartier d’Ascanio. Orchestrée autour de la fameuse Université de Faenza bâtie en 1096, cette partie de la ville matérialise un véritable centre des sciences. En effet, attirés par le prestige de l’université à proximité ainsi que la disponibilité de denrées intéressantes, de nombreux érudits se sont établis dans le quartier, le remplissant de cabinets d’architectes et d’ingénieurs, d’apothicaireries, de dispensaires et de laboratoires alchimiques. L’on retrouve aussi dans de curieux bâtiments sans plafonds et aux hauts murs de nombreuses cultures de plantes étranges. Les Érudits, propre et apaisant, est agrémenté d’une cinquantaine de squares, parcs et jardins, offrant un air agréable et parfumé à ceux qui œuvrent en son sein.
Posté à l’ouest, au pied des montagnes des Monts Anelli et au fond de la ville, le quartier d’Ascanio est le dernier quartier de Faenza. Baptisé en l’honneur du roi Ascanio I, qui permit à la ville de Faenza de se développer, il est un quartier reclus du reste de la ville, où le boucan environnant de la Criée n’est que lointain. Disposant d’un accès unique et fortement gardé dans le quartier des Érudits, l’Ascanio est fermé à la populace sauf lors des offices religieux à la cathédrale Sainte Amélia dont le vertigineux clocher forme le plus haut point de la ville. Constitué de bâtiments aux murs et poutres finement ciselées et ouvragées, l’Ascanio comporte de nombreuses institutions importantes telles que l’intendance du comté, les Banques Rouges, les bureaux des trésoreries, les archives, etc. Au centre du quartier se trouve le remarquable Bosquet des Pionniers, immense parc aux arbres fruitiers et haies taillées géométriquement, placé face au Palais Perricone. Immense bâtisse construite de pierre blanchâtre et lumineuse, le palais, bien protégé par sa localisation, présente une architecture ornementale et non défensive. Il comporte de nombreux balcons, arches et vitraux. Ses toits, tirant sur la longueur et réalisés en tuiles rougeâtres, sont visibles de loin, composant les deuxièmes points les plus hauts de la cité.
Située le long du Fleuve Sanguin, faisant la frontière avec la Principauté de Gaçaferi et la Terre Sacrée à l’ouest des Monts Anelli, Faenza possède une très forte influence commerciale. En tant que véritable plaque tournante de nombreuses affaires commerciales, elle crée le plus gros de sa richesse grâce à des contrats de vente de minerais et d’épices rares, signés avec la principauté gasque et le siège du Completionem. Ville maîtresse dans la culture de safran, Faenza demeure la seule cité à le cultiver, formant de magnifiques champs violacés. L’épice intéresse de nombreux membres de l’élite qui la voient comme un investissement autant qu’un symbole de richesse et de bon goût ultime. Les cuisines des divers dirigeants s’arrachent tout particulièrement cette épice au goût et à la couleur immanquable, ces derniers déboursant des sommes faramineuses pour acquérir ne serait-ce qu’un flacon.
Également pourvue de mines d’or et de zinc assez importantes, la cité vend ses minerais à la principauté voisine et à la plupart des autres villes du royaume de Monteleone, notamment à la capitale, Chiuggia, où sont frappées les pièces de monnaie montelannes.
Positionnée en bordure de fleuve, Faenza échange facilement avec Farhas, capitale de la Terres Sacrée, Ahmetaj, Talioferra, Mantori, etc. Agissant en tant qu’intermédiaire des échanges commerciaux entre le royaume de Monteleone et la principauté de Gaçaferi, la plupart des marchandises montelannes en direction des terres gasques n’empruntant pas la voie maritime passent par Faenza.
Le travail du bois au sein de Faenza demeure une chose relativement rare et coûteuse, à cause de l’absence de forêts denses dans le territoire. La plupart du bois étant importé d’autres comtés plus boisés tels que le Val ou de Gaçaferi, la ville a la réputation de vendre les articles de bois à des prix bien plus élevés que les autres régions.
En contraste avec ce manque de bois, l’abondance des minerais contribue à la prospérité de l’artisanat du métal. En effet, nombreux sont les maréchaux-ferrants, armuriers, forgeron, joailliers et autres alleutiers à tenir des commerces prospères. En plus de cette exploitation des métaux, la couronne taxe et rachète ces ressources à moindre coût pour fabriquer les soles montelans.
Dite l’une des villes les plus riches du royaume de Monteleone, Faenza est en développement constant. Son expansion sociale et économique en fait une ville où l’activité est incessante et renfloue sans cesse les caisses du comté. Elle est l’une des rares cités où les famines se font très rares et où la plupart des personnes peuvent survivre sans devoir se battre pour un peu de nourriture. Réputée pour son climat doux et son apparence ostentatoire, la capitale du comté est devenue une ville prisée par la haute société.
Faenza, grâce à son emplacement, constitue également un des points principaux de change entre la monnaie gasque, le kishar, et la monnaie montelanne, le sol. En raison de la préciosité de leur épice emblématique et afin d’éviter les vols dans les greniers, la cité compte également de grands bâtiments dans le quartier d’Ascanio, les Banques Rouges, où les riches personnes possédant du safran entreposent leur denrée luxueuse contre de grosses sommes.
La criminalité au sein même des murs de Faenza est peu présente, outre des vols et combats d’ivrognes communs. On retrouve de plus gros crimes hors des murs et aux alentours de la cité. En effet, il arrive parfois des embuscades, des meurtres de messagers, des pillages de voyageurs et les célèbres rapines de safran. En effet, entre 1079 et 1080 se sont produits les plus gros pillages de récoltes de l’histoire de la ville. Effectués de nuit par de petites bandes, les vols étaient généralement remarqués au petit matin à la vue de champs de safran saccagés et dépouillés de leurs ressources. Après ces maraudes à répétition, le comte de l’époque, Silvio Casabelle Camparinelli, mis en place des patrouilles nocturnes afin de décourager les roublards. Malheureusement, cela n’empêcha pas totalement les pilleurs de se servir. Ainsi, en ventôse 1080, un chantier qui prendra moins d’un an à être achevé, fut débuté afin de construire des murs autour des champs précieux, faisant de Faenza la seule ville aux plantations fortifiées. Il s’en suit en 1083 la construction des Banques Rouges dans le quartier d’Ascanio.
Faenza, par sa situation stratégique et ses fortifications naturelles, est une cité axée sur la défense. Protégée par d’épais et hauts murs et la ville ne possédant qu’une entrée fortement gardée, la ville mise tout sur sa garde plutôt que sur la petite armée du comté. La garde, vêtue de cramoisi et d’argent, est présente dans chaque quartier et tout particulièrement autour du Palais Perricone et patrouille dans chaque rue en grand nombre de jour et de nuit.
L’essor de l’économie de Faenza contribue à son hétérogénéité sociale. On retrouve en effet dans la ville une forte représentation de la plupart des classes sociales. Les nobles, confortablement installés dans une ville prospère et frémissante, constituent environ 4% de la population de Faenza. La bourgeoisie, elle, attirée par le commerce florissant de la cité, représente 25% des habitants au sein des murs. Les alleutiers, incarnant les véritables petites mains du commerce sur le Fleuve Sanguin, constituent 33% du peuple. Finalement, les serfs, produisant de nombreuses denrées précieuses qui permettent la prospérité à la ville de Faenza, constituent 38% de la population.
Le Gaccimio : Plat typique de Faenza, le gaccimio est un pavé de saumon sanguin pêché dans le fleuve du même nom, cuit au à l’huile d’olive avec une fondue de poireaux et de carottes à la crème. Il est considéré comme très raffiné d’y ajouter un peu de bière et d’aromatiser le tout au safran, ce qui en fait un met d'extrême qualité réservé aux personnes les plus confortables.