Dans la mémoire de chacun, Chiuggia a toujours été présente aux extrêmes horizons du royaume de Monteleone. Bercée par le Fleuve Sanguin, bordant les falaises occidentales des Monts du Midi et s’étalant jusqu’aux berges de la Mer de Saranna, la capitale anciennement connue sous le nom d’Arx Meridiem demeure la ville la plus grande et la plus peuplée du royaume de Monteleone. Entièrement fortifiée en plus des barrières naturelles que représentent la mer et la roche, Chiuggia fut fondée en 621 en tant que petit bastion de l’ancienne foi, le contemplionem, sous le nom d’Arx Meridiem. Après la chute du contemplionem au profit du completionem, Arx Meridiem fut cédé au jeune royaume de Monteleone qui réalisa bien vite la valeur potentielle de cette cité au climat bon et à la position stratégique. Ainsi, au cours des années 800, la cité se développa rapidement jusqu’à 928, l’an où Arx Meridiem fut changée en la nouvelle capitale du Monteleone suite à l'avènement de la dynastie Di Quattruci d’Aceto. Elle fut alors rebaptisée en Chiuggia, afin d’adopter l’identité montelanne et de signifier la fin de son affiliation distante avec le contemplionem.
La ville, visible de très loin depuis la mer, est divisée en onze quartiers au sein des murs, s’établissant comme un véritable labyrinthe grouillant d’activité.
Chiuggia est caractérisée par ses fortifications démesurées. En effet, la ville est protégée par trois enceintes fortifiées, faisant du cœur de la capitale une véritable citadelle. En dehors des murs, du côté des terres, quelques champs et enclos d’animaux sont disséminés parmi les innombrables chaumières et petites bâtisses servant aux voyageurs et aux serfs. Constituant un petit village au pied des hauts murs de la cité, ce regroupement permet aux serfs de ne pas mettre les pieds dans les enceintes de la ville et de s’auto-suffire. Endroit peu entretenu et donc assez délabré, les paysans chargés d’alimenter la ville et le commerce sont cependant une communauté assez propre, allant jeter leurs grossièretés dans le canal de Volpicelli qui s’écoule depuis la ville jusqu’au sein du fleuve Sanguin afin de ne pas contaminer les denrées qui nourrissent les citadins. La vie des serfs étant rythmée autour de leur travail, l’on trouve parmi les bicoques des paysans quelques forges ou menuiseries qui fabriquent les outils nécessaires. De petits marchés hebdomadaires sont également organisés dans la zone, où de nombreux voyageurs de passage s’arrêtent au sein d’auberges afin de ne pas payer des sommes effarantes dans les murs de la ville.
En passant les portes de la première enceinte de Chiuggia, l’on est plongé dans une certaine pénombre. Situé dans l’étroit espace entre les deux premières couches de murs de la capitale montelanne, le quartier du Fossé s’étend en longueur sur tout le pan est de la cité. Entre d’innombrables bâtiments complètement délabrés serpentent des ruelles boueuses, mouillées et aux odeurs maladives. À l'exception de la rue pavée qui fonce droit vers les secondes portes, le quartier est brut et très peu surveillé par la garde citadine et l’insalubrité et le crime au sein de cette zone de Chiuggia sont à leur paroxysme. D’ici découlent parfois quelques pics de maladie à cause de la fâcheuse habitude des habitants de déverser leurs immondices et leurs déchets à même les rues, attirant les rats, les parasites et autres vermines. Constituant l’entrée de la ville de Chiuggia, ce quartier dont l’odeur répugne plus d’un noble passant en chaises à porteurs attire vraisemblablement l’attention sur le grand nombre d’habitants tentant leur chance dans la capitale et échouant lamentablement.
Situé juste après les secondes portes de Chiuggia et marquant la dernière étape avant d’entrer au cœur citadin de la ville, le quartier des Murs Noirs est un très petit quartier s’articulant autour d’une large grand-rue menant aux dernières portes. Les Murs Noirs sont peuplés en majorité d’alleutiers pauvres et de domestique ainsi que de métèques non-fortunés. Très sale à l’image de son voisin quartier du Fossé, cette zone de Chiuggia est baptisée ainsi en raison des parois de la muraille de gré qui ont été noircies par des siècles de crasse. Quartier légèrement plus sûr que le Fossé, on y trouve parmi les bicoques de la populace une multitude d’établissements destinés aux voyageurs tels que des tavernes, des auberges, quelques commerces peu réputés ainsi que de discrets lupanars et maisons de jeux.
Après avoir franchi les portes de la dernière enceinte de la capitale montelanne, l’on peut voir s’étaler vers l’horizon une ville démesurée tout en hauteur. Place forte du commerce vers l’extérieur de la cité, de la pêche et de quelques autres affaires, les Quais lointains constituent le principal attribut de l’économie chiuggianne. C’est ici qu’ont lieu la majorité des transactions et échanges de marchandise et l’activité y est effrénée. On retrouve au sein du quartier une multitude d’entrepôts, de nombreux étals de pêcheurs, quelques marchés de denrées étrangères, des bicoques ainsi que de nombreuses petites rues remplies de tavernes et de lupanars. Quartier tenu modérément propre, il n’est pas entièrement insalubre mais les déchets du port, l’odeur de la mer et des quelques rues où certains malvenus se soulagent rendent la vie en son sein peu enviable. Gardé par de fréquentes patrouilles de l’impressionnante garde citadine, toujours par groupes de dix, les seuls crimes se produisant au sein des Quais lointains sont généralement des rapines et quelques agressions mineures d’ivrognes la nuit. Cependant, malgré ses défauts, le quartier peut se vanter d’avoir une vue dégagée et d’être bien éclairé par les rayons du soleils qui tapent parmi les rues plutôt larges.
Au sud des Quais lointains se dressent les Quais aux flottes, quartier de la marine montelanne. Comptant de nombreux chantiers navals où sont fabriqués et réparés les bateaux de la flotte du royaume ainsi qu’une multitude de bicoques de bois rongé par le sel, le quartier est une véritable fourmilière où s’activent des centaines de personnes dont la vie s’orchestre autour de l’entretien des navires. Ainsi, il n’est pas rare en se promenant dans le quartier de voir des forges, menuiseries et autres ateliers d’artisans. D’apparence austère et peu salubre, les rues des Quais aux flottes sont couvertes d’eau, de sable et d’algues et sont colonisées par les mouettes et les rats, véritables vermines détestées par les habitants du quartier. Relativement protégés par la garde citadine de Chiuggia, les Quais aux flottes ne jouissent que de peu de malfrats en raison de la militarisation des lieux qui sont donc bien gardés.
Situé à l’extrême ouest de la ville de Chiuggia, l'Îlot Rougeoyant est un petit lopin de terre implanté dans la mer, relié au reste de la cité par l’immense Pont des Valeurs. Baptisé en raison des rayons qui donnent une couleur rougeâtre à la pierre orangée du grand bâtiment situé sur l’îlot lors des couchers du soleil, le minuscule quartier ne compte que la fameuse Académie des Armes de Chiuggia. Le pont est toujours gardé par une cinquantaine de gardes et on assiste souvent à des parades à cheval de l’armée montelanne qui est formée au sein de ces murs. La populace ne s’approche que très rarement de ce quartier qui a une fonction bien précise et restreinte.
Les rues du quartier du Clocher sont voilées par l’ombre de l’immense Basilique de St-Conscient dont les tours s’élèvent en tant que second plus haut point de la ville. Orchestrées autour du bâtiment religieux, les innombrables maisons des alleutiers de la ville se vantent d’être dans un état acceptable, entretenues par les artisans qui y résident. Situé dans une partie légèrement creusée de Chiuggia, le quartier est adjacent aux murs Nord qui s’élèvent vertigineusement au-dessus des habitants. Légèrement humide en raison de la proximité des marais de l'Île de la Nébuleuse, le quartier du Clocher est cependant d’une propreté convenable en raison du canal Volpicelli qui le traverse et sert d'égouts. Néanmoins, en raison de la présence du cours d’eau, l’odeur est très peu agréable au Clocher, les saletés de toute la ville passant par le quartier avant de s’écouler hors de la ville en passant dans la muraille. Le quartier du Clocher demeure victime de quelques vols à la tire et cambriolages et demeure peu sûr la nuit, plongé dans une forte obscurité en raison des hauts toits.
La place des Soupirs est localisée au Nord-Est de la ville de Chiuggia, entre le quartier du Clocher et l'allée des Icônes, et incarne le centre-ville de la capitale où toutes les classes grouillent. Réel point d’activité, la place est ronde et très grande, accueillant en son centre une statue du roi Ascanio I qui lève l’épée sur son destrier. La place regroupe les piloris, les estrades des crieurs qui annoncent sans cesse les différents événements et nouvelles de la cité et du royaume et des jardins arborés autour de la statue. Il arrive parfois que des foires de nomades ou de petits marchés de denrées étrangères soient organisés sur la place de même que les festivités de la ville qui sont également célébrées ici. Il est de tradition après un mariage royal que le carrosse nouveau couple régnant passe par la place des Soupirs afin d’annoncer au peuple le nouvel avènement. Endroit à la sûreté plutôt constante, les pavés de l’endroit sont abîmés et couverts de boue, paille et gravats et la place est surveilléee par de régulières patrouilles de la garde citadine. Il arrive cependant quelques vols les jours de forte affluence ainsi que de nombreux incidents d’ivrogne le soir, se battant à la sortie des tavernes et auberges populaires disséminées tout autour de la place.
L'Allée des Icônes est une interminable rue pavée qui court le long du Nord de la ville jusqu’aux Cours du Midi. De nombreuses demeures de taille imposante s’articulent le long de l’allée, de même que de nombreux commerces raffinés tels que des joailleries, des tailleurs, des ferronniers et autres tanneurs. On y retrouve également les tavernes et auberges prisées par la bourgeoisie qui voyage ou réside au sein du quartier. L’allée des Icônes porte son nom en raison des 19 statues qui sont placées le long de la rue, représentant 18 saints et terminant, aux portes des Cours du Midi, par une grande statue de bronze représentant Prospertia. Le quartier est sûr et relativement propre en raison de sa population majoritairement bourgeoise et de sa proximité avec les hauts-quartiers, profitant de patrouilles constantes de gardes citadins bien équipés.
Les Cours du Midi sont un quartier fermé au public où réside la noblesse et les autres notables de la capitale. Articulé parmi les anciennes basse et haute cours de l’ancien petit Château du Midi, maintenant en ruines et situé au sommet du quartier, où résidait la dynastie Di Quattruci d’Aceto, le district est chargé d’histoire et s’étend tout en hauteur. Les rues des Cours du Midi mélangent les anciens pavés des cours à des pavés plus récents, formant d’involontaires mosaïques colorées à même le sol. On retrouve ici les demeures principales et secondaires de nombreux membre de la noblesse montelanne et étrangère. Les trois ambassades des autres contrées continentales sont également présentes ici, même si celle du Royaume de Södertälje semble laissée à l’abandon depuis plusieurs années. L’architecture du quartier, de pierre rosée et décorée de nombreux motifs et sculptures, est très ornementale et il est de coutume ici d’étaler sa fortune en ouvrageant tout ce qui peut l’être. On compte donc de nombreux jardins privés et publics, des statues, des plaques au sol, des fontaines et d’autres colifichets rendant les Cours du Midi un lieu très prestigieux et fermé à la populace. La propreté du quartier est également plus que convenable en raison des discrètes ouvertures sur le canal Volpicelli qui passe en dessous des demeures afin de ne pas perturber l’élite. La garde citadine ainsi que les milices privées des maisons nobles et haut bourgeoises rendent les lieux sûrs et rien ne se passe ici sans un témoin, des patrouilles étant orchestrées dans les ruelles en plus des gardes postés dans les nombreux recoins. On trouve également l’illustre Arche des Lis, grande structure marquant l’entrée du majestueux quartier du Palais.
Le remarquable quartier du Palais est la partie la plus haute de Chiuggia, située à l’extrême Nord-Est de la capitale. Composé de deux rues parallèles qui courent vers la place des Dauphines qui donne sur le Fort Immaculé, le quartier est aéré, arboré et rassemble uniquement les bâtiments officiels et les plus notables de la capitale. Ainsi, on y trouve des intendances, des trésoreries, des banques privées et d’autres bâtisses d’importance parmi les petits squares où se promènent parfois les membres les plus estimés de la cour. La place des Dauphins est une place carrée où peuvent aisément s’arrêter les carrosses des courtisans, tournant autour de la grande fontaine d’Agliberri qui occupe le centre.
Le renommé Fort Immaculé, résidence traditionnelle de la royauté montelanne, est placé en hauteur, dominant la place et dont les vertigineuses tours constituent le plus haut point de la capitale du royaume de Monteleone. Le quartier du palais est le point le plus gardé de la ville et patrouilles, soldats postés et tours de garde le rendent impénétrable par la plupart du monde et il n’existe aucune sorte de vol ou d’agressions en son sein, un roturier tentant d’entrer sans autorisation pouvant être mutilé.
En raison de sa localisation à la bordure du Fleuve Sanguin et de la Mer de Saranna et de sa situation de capitale, Chiuggia est une énorme ville commerciale au développement et à l’activité incessante. Comptant un gros port commercial et de pêche, la cité est un monstre des affaires internationales et une bonne partie de sa richesse provient donc d’échanges avec les contrées étrangères. Ne comptant que peu de ressources précieuses, Chiuggia dépend du commerce avec les autres nations et les autres comtés montelans, en particulier avec Faenza par le biais du fleuve qui borde les deux cités.
L’artisanat chiuggian est très diversifié et fructueux. En effet, la présence d’un chantier naval ainsi que d’une population aisée conséquente fait fleurir les alleutiers qui s‘affairent et réalisent de nombreux ouvrages de différentes qualités qui sont également parfois exportés, contribuant à la richesse globale de la cité. Le travail de la pierre et des métaux sont particulièrement renommés à Chiuggia, où travaille une partie des meilleurs joailliers et ouvriers du continent.
Chiuggia est l’une des villes les plus aisées du royaume de Monteleone, seulement surpassée par Giardindoro, capitale du comté du Val et grenier à céréales montelan. Son développement constant donne à la ville une forte essence commerciale qui contribue à remplir ses caisses. Comptant quelques banques privées, la cité est également le fief du changement de monnaies, qui est fortement taxé.
En tant que ville la plus conséquente de tout le royaume de Monteleone, Chiuggia dispose d’une énorme partie de sa population vivant dans la pauvreté. Ainsi, le crime et les pègres sont très présents dans les bas-quartiers de la ville et frappent parfois en dehors des murs ou dans des quartiers un peu plus sûr. Cependant, l’hétérogénéité et les disparités entre les quartiers contribuent à en rendre certains très protégés.
Rassemblant les troupes de l’armée montelanne qui est formée au sein de la ville, les milices privées des maisons nobles résidant dans la ville ainsi que la garde royale, la ville de Chiuggia compte beaucoup de soldats qui la rendent assez préparée aux attaques par la terre. Cependant, le mépris fréquent des classes populaires entraîne un manque de zèle dans les zones pauvres, favorisant une présence de crime.
Chiuggia est une ville fortement marquée par les inégalités entre les classes et présente une population complètement hétérogène. Les serfs, travaillant et résidant hors des murs de la cité, constituent 48% de la population. Ils sont suivis par les alleutiers qui contribuent à l’essor économique et représentent 34% du peuple. Finalement, les 10% de bourgeois et 8% de nobles partagent la ville en tant qu’élite.