Géographie et climat :
Le territoire de Nÿr Järven est essentiellement couvert d’une forêt profonde dans sa partie septentrionale, à plusieurs lieues des côtes. Celle-ci comporte peu de lacs et rivières mais abrite toutefois une faune variée : loups, sphynx-de-fumées, ogres voir quelques tigres sylvestres. Elle comporte l’hiver plusieurs petits villages autochtones dispersés, notamment celui des Ilvës, non loin de la pointe Villt Sä, nommée ainsi par les premiers södertällois. Au sud-est se dresse le massif de Sifrëra dont les piémonts accueillent les tribus les plus méridionales. Le sud du massif est caractérisé par la baie des Glaces - nommée Sävela par les södertällois - une large étendue à jamais gelée qui borde la côte. À l’est de Sífrera s’étendent les contrées de Hvitür Daudi, une vaste région déserte et encore inexplorée. Surnommée l’hiver éternel par les indigènes, les rares descriptions d’explorateurs ayant parvenu à en revenir suffisent à comprendre ce nom…
Les södertällois se cantonnent tous en un unique lieu, Järvelä, situé au nord de Villt Sä. La localité ne possède que deux fonctions spécifiques :
Situées au Sud-Est du continent central, les terres de Nÿr Järven furent découvertes au cours de la nivôse 1516 par l’équipage d’un navire södertällois ayant été endommagé lors des assauts sur les côtes aulériennes. L’on raconte que le navire demeurant alors en piètre état tenta vainement de rejoindre les terres de Södertälje qui furent pour l’époque bordées de rudes morceaux de glace meurtrissant davantage encore la faible coque de ce dernier. Le navire dériva ainsi durant trois semaines supplémentaires avant de se heurter une dernière fois à d’abrupts rochers de glace parsemant la mer de Kjienströmm, contraignant par conséquent les rares survivants de l’équipage à s’amasser en une étroite chaloupe disposée en le navire afin de ne pas sombrer en une mer glaciale et d’autant plus meurtrière. Ne disposant plus que d’un nombre limité de denrées alimentaires, bon nombre des quelques survivants restants périt avant d'apercevoir la terre ferme une vingtaine de jours plus tard.
Si l’environnement semblait similaire aux terres dont ces malheureux étaient natifs, celui-ci demeurait d’autant plus rude et dénué de quelconque ressource. Vraisemblablement délaissé de toute vie humaine, les quelques survivants ne tardèrent à saisir qu’il était question de terres nouvelles non réclamées tant celles-ci se voulaient inhospitalières.
Ce n’est finalement qu’au terme d’une première semaine de survie en ces terres inconnues que les marins södertällois firent la rencontre d’autochtones à l’allure bestiale, ceux-ci se voulant essentiellement vêtus de peaux et de cuirs afin de surmonter d’aussi basses températures.
D’abord réticents à nouer quelconque lien avec les marins fraîchement débarqués, les autochtones présents daignèrent tout de même confier quelques ressources nécessaires à la survie des quelques naufragés.
Nullement assuré de la durée du périple de ces marins en ces terres sauvages, l’on considère que leur grand retour eut lieu au cours de l’an 1518. Tandis que la Basse-Guerre faisait rage au travers des continents, l’on ne jugea pas nécessaire d’envahir ces terres lointaines que la couronne södertälloise revendiqua sans plus tarder. Ainsi les rudes étendues glaciales du Sud furent nommées “Nÿr Järven” tandis que l’on attribua le nom de “tribus australes” aux clans d’autochtones vivant en celles-ci.
Peu vindicatives, les tribus australes n’opposèrent que peu de résistance à l’établissement d’un comptoir destiné à lier leurs terres au Royaume de Södertälje dont celles-ci profiteraient également au travers d’échanges de ressources.
Ainsi, l’on édifia bientôt un large bagne au cœur de l’épave du premier navire s’étant échoué au travers de la Baie des Glaces. Furent dirigés en son sein : traîtres à la couronne de Södertälje, otages de maisonnées montelannes et un certain nombre d’individus d’ores-et-déjà emprisonnés afin de désengorger les geôles södertälloises.
L’on dit qu’afin d’asseoir de manière pérènne l’autorité södertälloise au coeur des contrées (anciennement montelannes) fraîchement conquises lors de la Basse-Guerre, la couronne de Södertälje fit le choix de priver les maisonnées montelannes régnantes de leur héritier ; ceux-ci étant ainsi retenus au coeur d’un secteur particulier du bagne de Järvelä.
À leurs débuts, les tribus australes n’étaient qu’une seule et même entité, ayant choisi de s’exiler suite à leur persécution par les tribus majeures du continent.
Une fois établis, elles connurent une lente dissolution en différents groupes qui formèrent plus tard l’ensemble des tribus connues aujourd’hui. Parmi elles, il est notamment possible de retenir ceux que les södertällois nomment les Lähtinën, les Ilvës, les Siimës ou encore les Järvi.
Après des dizaines d’années de conflits internes, les Ilvës prirent finalement l’ascendant et devinrent la tribu dominante de ces terres, imposant un tribut aux autres mais aussi une interdiction de combattre qui est encore respectée aujourd’hui malgré les possibles tensions.
Aujourd’hui, l’on raconte que ce n’est que lorsque le comptoir de Järvelä est gagné par les marchands södertällois que les tribus australes se rendent au sein de celui-ci afin d’y échanger ressources et denrées. Avant cela, celles-ci restent abandonnées dans les terres gelées, où elles survivent comme elles le peuvent. Leur histoire, retranscrite sur des plaques de pierre, n’est narrée qu’à travers de grands moments qui se rapprochent parfois du mythe. Celle-ci n’est d’ailleurs connue que d’eux, et leur existence même reste aujourd’hui méconnue de Septentrion où ils ne sont perçus que comme des södertällois.
Rassemblées sous un même gentilé, les tribus australes partagent nombres de caractéristiques avec leurs cousins södertällois. Comme eux, ils possèdent une peau claire, mais arborent ironiquement un visage légèrement plus bronzé : arpentant de longues heures les étendues enneigées, ces dernières reflètent à merveille la lumière du soleil sur la seule partie découverte de leurs corps. En raison d’une alimentation moins riche et plus irrégulière, ils sont plus petits que la moyenne et ne sont que rarement en surpoids. Ils sont majoritairement bruns et possèdent semblerait-il de petits yeux sombres.
Les tribus australes se vêtissent de nombreuses couches de peaux et de fourrures pour se protéger au possible du froid mordant. De ce fait, ils ne portent jamais d’armure, déjà bien trop encombrés par leurs vêtements épais.
En raison du climat hostile où ils vivent, les différentes tribus australes ont toutes développé un mode de vie semi-sédentaire ; au printemps et en été, ils s’installent non loin des côtes ou d’autres sources de nourriture pour pouvoir faire un maximum de provision et lorsque le froid s’intensifie dès la fin de l’été, les autochtones retournent s’établir au même endroit que leurs ancêtres, à l’abri du vent glacé, des dangers de la faune locale ou des chutes de neiges. On les retrouve ainsi à l’intérieur ou en périphérie de forêts de sapin, ou bien sur les versants ouest des collines.
Les autochtones des tribus australes possèdent une culture commune - bien que des différences peuvent apparaître entre deux clans - qui les referme sur eux-mêmes. Ils semblent pratiquer l’écriture à travers la gravure de runes antiques sur différents supports, comme des stèles ou des ossements, qui rappellent en tout point celles pouvant jalonner les paysages hennequins. De plus, ils possèdent des liens très étroits avec la faune et la flore, entre respect et vénération. Considérant la présence d’esprits en chaque élément, ils sont très respectueux des créations de leurs divinités et tâcheront de les conserver et les protéger sans les déranger. Ainsi, s’ils chassent ou cherchent du bois par exemple, ils demanderont spirituellement à cet esprit s’ils peuvent se servir. Il en va de même pour toutes les créatures qu’ils côtoient, qu’il s’agisse de lions-de-mers, de lynx-de-fumée ou d’entités chimériques. À noter qu’en raison de leurs rites funéraires, ils ne connaissent nullement l’existence des revenants.
Toutefois, malgré leur grande ouverture d’esprit quant au monde qui les entoure, les tribus australes considèrent les dotés comme des abominations, manipulés par Phibris pour qu’ils l’aident à conquérir les terres des Hommes. Ces derniers subissent divers rites douloureux et traumatisants pour tâcher de perdre leurs charmes avant d’être sacrifiés en l’absence d’efficacité, s’ils ne sont pas exécutés ou chassés aussitôt découverts. Ainsi les rares dotés parmi les autochtones fuient généralement jusqu’à Järvelä, où ils sont d’ailleurs la seule source d’informations à leur sujet, finissant bien souvent à leur tour pendus.
Järvelä évalue ainsi le nombre d’indigènes aux environs de 200 individus, tandis que d’autres sources plus obscures estiment qu’ils seraient plus d’un millier d’autochtones.
Les tribus des Terres Australes, vivant dans des climats extrêmes, possèdent une peau soit pâle, soit brune à cuivrée, marquée par les vents glacés et les conditions difficiles. Leurs cheveux sont noirs et épais, souvent portés longs et tressés avec des ossements, des plumes ou des perles de pierre. Leurs yeux sont généralement sombres, allant du brun profond au noir.
Ils s’habillent de peaux de bêtes et de fourrures, teintes naturellement ou décorées de peintures ocre et rouge. Les bijoux sont rares ; les quelques qui se portent sont artisanaux, faits d’ivoire, de bois sculpté et de pierres polies. Les tatouages, relativement rares, varient d’une tribu à l’autre. Les rares à se tatouer se couvrent souvent le corps et les bras de motifs représentant leurs ancêtres, les animaux et des motifs évoquant les trois divinités du panthéon hennequin qu’ils adorent.
Partageant globalement la même foi que le Panthéon Hennequin - qui occupait autrefois toutes les terres connues avant l’arrivée du completionem - les rites et croyances des tribus australes se voient relativement différentes. C’est au fil des années esseulées que l’interprétation de la foi des tribus australes muta. Bientôt, celles-ci délaissèrent les déités du panthéon initial afin d’en ériger un seul trio. Cimerin, Phedite et Ormir demeurent aujourd’hui les déités principales de la foi australe permettant ainsi une célébration toute autre des rites du panthéon ; celles-ci se faisant davantage tribales. D’ailleurs les peuples des royaumes hennequins et centraux connaissant l’existence des autochtones considèrent notamment les déviances rituelles des tribus australes barbares et païennes, ne reconnaissant pas leur interprétation bien particulière de la foi.
Cimérin fut ainsi placé au centre du trio de déités ainsi nommé “Trois bienveillants”, celui-ci régissant l’existence de ces autochtones au travers des cycles saisonniers. Phédite et Ormir quant-à eux se voient alors suppléer la déité des cycles saisonniers, ceux-ci offrant pitance et habitat aux terres australes de par la concentration de créatures propres aux climats les plus rudes du continent.
Considérant que l’esprit de tout être réside en la tête, les tribus australes exécutent divers sacrifices au travers d’offrandes de crânes de bestiaux abattus en l’honneur de Phédite. Les funérailles quant-à elles se voient tout au plus différentes des coutumes södertälloises, seule la tête du défunt devant être enterrée tandis que sa dépouille est délaissée à l'appétit des charognards. L’on dit qu’au travers l’abandon du cadavre décapité du défunt, les tribus australes rendent à leurs déités les richesses que celles-ci leur auront offertes au long de leur existence.
Quoique jugés tels que sauvages aux rites primitifs, l’on raconte que les individus des tribus australes accorderaient une grande importance à la collecte de quelconque ressources (animale ou végétale) ; ceux-ci quémandant en amont l’aval de leurs déités afin de pouvoir se nourrir de leur œuvre.
Si les quelques autres déités du panthéon furent progressivement oubliées de ces autochtones, Phibris quant-à lui fut considéré tel que la déité mal-aimée du culte austral. Déité jalousant ses semblables, Phibris aurait offert la dotation (considérée nocive et relative au chaos par le peuple austral) afin de gouverner les vivants.
L’on dit que celui-ci s’attèlerait à s’accaparer les esprits des défunts - humains comme animaux - ne jouissant pas de funérailles pour dresser son propre royaume.
Politiquement, les tribus australes sont organisées par chefferies, chaque tribu a ainsi son propre meneur. Ce titre se transmet généralement au descendant du chef, mais si il n’en a pas à sa mort, alors les anciens se réunissent et désignent son successeur. Les différents chefs se regroupent durant les trois derniers jours de l’été afin de planifier ensemble la trajectoire à suivre pour survivre à l’hiver qui viendra et comment s’y préparer. Cette réunion prend toujours place à la Curiä, lieu symbolique sous forme circulaire entourée de roches qui lui donnent une apparence similaire à une arène creusée dans la terre même. C’est aussi à l’occasion de cette réunion que sont traités les différents litiges entre tribus, pour lesquels le chef Ecléménite tranche en faveur de l’une ou de l’autre des parties. Enfin, il y est aussi établi les tributs à fournir pour l’année à venir souvent sous forme de nourriture.
Les tribus n’entretiennent cependant aucune relation extérieure à part de rares échanges avec le comptoir commercial de Järvelä et n’ont pour seule politique que l’isolationnisme, jusqu’à la limite du possible.
Toutefois, certains clercs du Conpletionem ayant eut vent de l’existence des tribus australes cherchent désormais à les convertir à leur foi, non sans difficulté en raison de leur isolement.
Ces prêtres viennent s'amasser des mois durant derrière les murs de Järvelä en attendant de pouvoir les rencontrer, rentrant bien souvent bredouille de leurs pérégrinations.
Les tribus australes restent économiquement très pauvres, et ne vivent pratiquement que de la chasse, de la pêche et de la cueillette. N’ayant pas de monnaie propre, ils fonctionnent principalement sur le principe du troc, que ce soit entre eux ou plus rarement avec le reste des södertällois. Les autochtones ne se tournent vers ces derniers uniquement lorsqu’ils n’ont plus le choix.
Ils proposent principalement des denrées rares, trouvables nulle part ailleurs telles que des dents de morse ou du cuir de baleine mais aussi des restes de créatures bien plus rares tels des crânes de dragon des mers. En échange de quoi ils obtiennent les matériaux essentiels à leur survie ou bien de la nourriture lorsqu’ils en manquent cruellement.
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