Ayant autrefois vécu au coeur des Îles Liljienstromm, les individus que l’on nomme aujourd’hui “Erlënsleginn” furent impitoyablement massacrés lors des conquêtes du Nord.
Les croyances de ceux-ci divergeant en tout point de la foi Completioniste ; l’on répudie le culte de ces individus que l’on juge primitif et contraire aux croyances du continent.
Considérés ainsi tels que païens, le Dominus Patrem ne tarda ainsi à entériner les voeux de conquête du Roi de Södertälje ; marquant ainsi les débuts de l’envahissement des Îles Liljienstromm.
Ainsi menées par le roi Jesper Premier du nom de la Dynastie Hägervjensterr, les troupes sodertalloises convergèrent sans plus attendre vers les terres peuplées d’autochtones, au Nord du Royaume de Sodertalje.
Peu considérés, les Erlënsleginns se voient jugés d’une pareille manière que les prisonniers, esclaves, païens et petites gens. L’on les emploie notamment essentiellement à d’abjectes distractions tels que coqs de combat, catins et domestiques.
Les plus chanceux seulement pourront s’animer au coeur d’hospices de guerre recevant notamment les blessées étant tombés durant la Basse-Guerre faisant rage au travers du continent.
Le crime envers les énergumènes s’apparentant à ces populations autochtones est bien souvent peu répréhensible.
Dignitaires des premières civilisations autochtones s’étant établies au travers des Îles Liljienstromm (autrefois nommées Vier Tegündir) au cours des premiers siècles du calendrier Completioniste ; les Erlensleginns ont ainsi prospéré au travers de ces terres non réclamées durant près de dix siècles.
Établis au sein de divers villages et colonies nomades sillonnant ces terres, ces autochtones jouirent bien longtemps des nombreuses denrées et ressources étant offertes par ces masses végétales jonchant les côtes des îles.
Farouches guerriers, ils étendirent bien amplement leur territoire vers le Nord des Îles Liljienstromm en amassant moult butins ; fruits de bien des saccages.. S’opposant fermement au rayonnement du Completionem, ils perpétuèrent moult pillages et profanation de lieux de culte au coeur du Royaume de Södertälje.
Ces civilisations primitives auraient ainsi été guidées par de savants érudits que l’on nomme Essenciers ou bien Païs ; unifiées derrière un seul et unique meneur.
Prospérant cependant en marge des royaumes émergeants tout juste, les ravages des raids autochtones se seront alors étendus jusqu’à la considérable supériorité militaire des civilisations sodertalloises dès la fin du IXème siècle.
Ce n’est qu’une fois l’alliance Completioniste scellée avec le Royaume de Södertälje au titre d’une unification de la foi que ces terres jusqu’ici jamais envahies furent prises d’assaut par les forces armées sodertalloises.
Débutent alors de sinistres siècles de violences ainsi dirigées vers ces populations natives, aujourd’hui dépassées par le considérable développement militaire de Södertälje. Le Xème siècle marquera l’éclatement de ces peuples païens et l’amplification de l’animosité du Royaume de Södertälje face à ceux-ci.
Foi vivante des Erlënsleginns
Le culte de Vier Tegündir, ou "Voie des Essences", est la foi traditionnelle des Erlënsleginns, peuple des forêts du nord de Södertälje. Hérité des temps anciens, ce culte ne sépare pas le monde matériel du monde spirituel : tout ce qui vit, souffle ou se transforme est habité d’une essence que l’on peut entendre, comprendre, parfois servir.
Transmis oralement, il repose sur une cosmologie vivante, incarnée dans cinq esprits fondamentaux liés aux éléments et aux cycles du monde. Les Essenciers sont les passeurs, guides et témoins de ces relations.
Skogrå – L’Esprit des Forêts
Domaine : Mémoire, lignées, filiation
Apparence : Être sylvestre aux bois de cerf, dos recouvert de mousse, accompagné d’oiseaux
Rites : Arbres-noms pour les morts, veillées dans les sous-bois, offrandes de bois sculpté
Vettäri – La Mère des Eaux
Domaine : Naissance, cycles, guérison
Apparence : Femme d’eau claire, yeux d’algues, chevelure de pluie
Rites : Bain rituel des nouveau-nés, offrandes aux rivières, larmes sacrées
Ilmari – Le Souffle des Vents
Domaine : Présages, orientation, messager
Apparence : Silhouette de brume et de courant d’air, perçue plus qu’aperçue
Rites : Offrandes suspendues, chants sifflés, voyages initiatiques
Tuhkka – Le Feu Intérieur
Domaine : Transformation, volonté, renaissance
Apparence : Être incandescente aux traits changeants, fait de cendres vives
Rites : Marque au charbon, brûlage symbolique d’objets, veilles de feu
Maajata – La Terre Nourricière
Domaine : Fertilité, soin, ancrage
Apparence : Géante de pierre et de mousse rampante, corps parcouru de racines
Rites : Plantation votive, enterrement de nourritures, dons de labeur
Naissance – Le Versement
Esprit associé : Vettäri
Le nourrisson est immergé dans une source claire, entouré de chants aquatiques. Son nom est murmuré aux roseaux. Une pierre douce est offerte à Maajata pour assurer son ancrage.
Premier rêve – L'Éveil
Esprit associé : Ilmari
À la première vision ou rêve important, l’enfant trace ce souvenir sur une écorce gravée, confiée au vent ou à l’eau.
Initiation – La Brûlure douce
Esprit associé : Tuhkka
Passage à l’âge adolescent. L’individu passe une nuit seul, sans feu, dans une grotte ou une clairière. Il doit rapporter une trace (pierre, cicatrice, fragment brûlé). Un charbon est apposé entre les yeux.
Union – L’Entrelacs
Esprits associés : Maajata et Vettäri
Les deux personnes plantent un arbuste à racines croisées. Un objet de leur passé (mèche, pierre, mot) est enterré à ses pieds. Le couple dort trois nuits à ciel ouvert pour que les esprits bénissent l’alliance.
Sépulture – Le Silence fertile
Esprits associés : Skogrå et l’ensemble des esprits
Le corps est enveloppé dans une écorce ou un drap de laine brute, placé aux racines d’un arbre ou sous une dalle ouverte. Des graines sont semées dans la terre du tombeau. La famille grave une feuille de deuil (en bois ou cuivre) accrochée à une branche.
Rite des Silences
Une semaine après la mort, les proches jeûnent et déposent un objet ayant appartenu au défunt dans un ruisseau. Ce geste libère sa mémoire dans le flot du vivant.
Traversée des Brumes (Saavunharja, automne) : communication avec les ancêtres par les brouillards matinaux
Ouverture des Neiges (Keväsluopa, fin d’hiver) : célébration de l’éveil intérieur, feux rituels dans les collines
Grand Entrelacs (Kesänaitto, été) : union des lignées, alliances, célébrations d'abondance
La dotation est perçue par les Erlënsleginns comme une résonance profonde avec les esprits. Elle ne fait pas l’objet de culte en soi, mais est considérée comme une marque d’écoute ou de service envers un ou plusieurs esprits.
Ainsi, un doté peut être vu comme "porteur du Souffle" (Ilmantaaja), "main de feu" (Tulenkämmen) ou "garde-souche" (Juurenvahti) selon la nature de ses dons. L’usage de ses capacités est toujours évalué à l’aune du bien commun, et jamais comme outil d’élévation personnelle.
Cette vision est en contradiction frontale avec le Completionem, foi hégémonique chez les Södërtallois, qui voit dans la dotation un blasphème contre la création parfaite. Les Erlënsleginns, déjà méprisés pour leur spiritualité non orthodoxe, subissent souvent soupçon, ostracisme voire exil lorsqu’ils sont dotés.
Pour se protéger, de nombreux dotés dissimulent leurs dons sous forme de chants, gestes ou tâches rituelles, dans l’ambiguïté permise par leur culture traditionnelle.