Järvelä fut érigé sur le site où s'échoua un navire de Södertälje en 1516. Initialement simple comptoir commercial et bagne improvisé, l’établissement s’est lentement transformé en un camp fortifié de bois, adapté tant bien que mal aux rigueurs du climat des Terres Australes. Les premiers bâtiments furent construits autour de l’épave du navire originel, elle-même convertie en prison primitive. L'environnement hostile imposa des contraintes majeures aux bâtisseurs : le pergélisol compliqua chaque extension du camp, tandis que les vents violents et les cycles de gel et dégel endommageaient sans relâche les structures en bois.
Les palissades, dressées pour protéger le camp des prédateurs et des raids occasionnels, exigent des réparations constantes. Le froid, l’isolement et la rudesse de la vie font de Järvelä un avant-poste extrême, maintenu en activité uniquement par la volonté du pouvoir royal et la nécessité de disposer d'un exutoire pénal loin du continent.
Les abords de Järvelä consistent en une zone défrichée d’une cinquantaine de mètres, servant principalement de dépôt pour le bois de chauffage. Quelques enclos sommaires abritent des chiens de traîneau et du bétail acclimaté. Un appontement rudimentaire, reconstruit chaque printemps après les assauts hivernaux, permet aux rares navires de débarquer vivres et colons pendant la brève période de dégel.
Des pieux aiguisés et des fosses de fortune sont disposés en périphérie du camp pour dissuader les prédateurs et les intrus. La végétation environnante se compose d’arbustes rabougris et de taïga, la terre étant trop gelée pour permettre toute culture viable.
Situé au niveau du port - là où s'échoua le premier navire södertallois - des cabanes de bois sommaires et des cellules de fortune ont été ajoutées auprès des quais adjacents. Tout juste rattachés au loin de quais par d'immenses chaînes, les pontons-prisons percent l'horizon de longues silhouettes austères et couvertes de gel. Les prisonniers, souvent sous-alimentés et affaiblis par le climat, vivent dans des conditions extrêmes. La discipline y est maintenue par des surveillants impitoyables.
Centre névralgique des échanges avec les tribus locales, il s'agit d'un bâtiment en rondins massif abritant un entrepôt, une salle de négociation et des quartiers pour le préposé au commerce. À certaines périodes de l'année, l'endroit est animé par le troc de fourrures, d'ivoire et d'autres ressources contre des outils et vivres.
Logements de la garnison et des administrateurs, ces bâtiments sont disposés en demi-cercle autour de la place du camp fortifié. Ils sont de construction simple mais renforcés contre le froid. Chaque baraquement est divisé en petites chambres exiguës, où les gardes dorment sur des paillasses de fourrure.
Situés au centre du camp, ils comprennent une vaste cuisine collective, la réserve de bois et un modeste espace de repos. C’est l'un des rares endroits où les gardes et rares prisonniers ayant pied à terre peuvent brièvement se croiser, bien que sous haute surveillance.
Une zone regroupant les quelques échoppes de fortune où les artisans réparent les outils, tannent les peaux et confectionnent du petit artisanat. L'activité y est rythmée par les livraisons de matières premières venues du comptoir.
Essentielle à l'entretien des armes et des outils, cette structure rudimentaire fonctionne tant que les réserves de charbon le permettent.
Järvelä compte une population permanente d’environ cent âmes, comprenant gardes, administrateurs et prisonniers. Les relations avec les tribus australes sont minimales et limitées aux besoins commerciaux. Le quotidien est rythmé par des tâches essentielles à la survie : coupe du bois, entretien des structures, réparations, maintien des feux et rationnement des vivres.
L’ordre est maintenu d’une main ferme par la garnison, qui applique sans états d'âme les règles dictées par Södertälje - ou de leur état d'âme. Les conditions de vie rudes engendrent des tensions fréquentes entre prisonniers et surveillants, et l’hiver accentue encore plus les difficultés.
Le maintien de Järvelä repose sur des équilibres fragiles. Sans le soutien de la couronne et l’utilité du bagne, l’avant-poste aurait probablement été abandonné depuis longtemps. Les conditions de vie extrêmes, la menace constante du climat et les tensions avec les tribus locales posent la question de la pérennité du site.
L’économie de Järvelä repose sur un troc basique avec les tribus australes, échangeant ivoire, fourrures et objets d’artisanat contre outils en métal et vivres. Le camp ne peut survivre sans les ravitaillements annuels en provenance de Södertälje, la région étant trop inhospitalière pour permettre une autosuffisance.
Les prisonniers constituent la principale main-d’œuvre, affectés à l’entretien des infrastructures, à la coupe de bois et aux travaux de fortification. Les incitations à la bonne conduite prennent souvent la forme de meilleures rations, d'un pied-à-terre ou de la promesse, rarement tenue, d’une remise de peine.