Avantageusement située au coeur des Terres Sacrées, dans le Delta Fertile du Canal du Nexhipi, la Cité Bleue de Kartallozi est communément décrite comme l’un des plus agréables paysages du Continent. « Second souffle de Prospertia » selon l’expression populaire, la cité frontalière occupe un territoire conséquent ; la noblesse locale et le Completionem l’administrent conjointement selon un découpage géographie convenu. Toute la richesse des barons d’Asmarie tient aux qualités exceptionnelles du pays qui porte leur nom. Cette campagne présente une remarquable diversité de paysage ; des plaines fertiles s’étendent du côté de la Mer Insulaire tandis que d’épaisses forêts composent les gorges verdoyantes de la vallée du Nexhipi. La terre y est noire et grouillante : c’est le sol qui nourrit la précieuse truffe d’Asmarie aux saveur dites exceptionnelles. Dans les monts vertigineux du pays Hyaceints, domaine de l’ordre religieux de Sainte-Aimée des Roses, s’épanouissent en pâturages escarpés les chèvres des montagnes de Kartallozi dont la viande, préalablement salée et rancie en cave selon des méthodes jalousement gardées, régale les fins palais des Terres Sacrées. De ces monts vient également l’ardoise bleue qui couvre les toits des habitations kartalliotes leur donnant cette apparence si caractéristique.
L’organisation de la ville porte elle même une certaine originalité, dépourvue de murailles, elle contient ses haut-quartiers au sein d’un ensemble citadin qui s’éparpille en quartiers populaires dans la périphérie. La campagne alentours est semée de hameaux au sein desquels il n’est pas rare de trouver de riches demeures, la bourgeoisie locale ayant goût à cette simplicité toute complétioniste.
Au Sud de Kartallozi, doucement bercé par les vents glacés des monts bleutés le pays Hyaceints étale ses hauts plateaux verdoyants dans la clair-obscur d’une atmosphère brumeuse.
Isolée entre les pentes rocailleuses du pays Hyaceints, l’Abbaye Sainte-Aimée des Roses trône au milieu de cet écrin rocheux. C’est un haut-lieu de pèlerinage qui clos le Chemin des Roses, route au départ de Rosenza sur les pas de la Prospère Mère fondatrice des Frères Ascètes.
La Route de l’Ardoise est le second grand axe traversant le pays, faisant le lien avec Kartallozi, c’est une route commerciale et active autour de laquelle prospère la ruralité hyaceinte. Ce sont majoritairement de petits hameaux miniers contre la montagne, on compte rarement plus de quatre familles par village la configuration du lieu se montrant hostile à la construction de grande agglomérations. Les bergeries parsemées dans les monts connaissent le même cloisonnement et cela a des effets visible sur la production de leur fromage notamment. Le terroir hyaceint est alors fier d’une grande variété de fromages de chèvre : allant du Bleu des Cîmes, fromage à pâte persillée caractéristique des hauts plateaux au fromage truffé de du pays kartalliote, sorte de faisselle très fraîche mêlée de brisures de truffe que l’on produit le long de la Route de l’Ardoise.
La population hyaceinte est paisible et prospère, la sérénité des lieux inspire aux habitants le calme qui leur est reconnu. La Haute-Ville de Kartallozi, contre le flanc de la montagne accueille rarement ces montagnards aux moeurs casanière ; les convois d’ardoise qui entrent dans la ville appartiennent à la Guilde Asmare des Artisans de la Roche qui occupe les Hauts-Quartiers de la ville.
Le travail de l’ardoise constitue l’essentiel de l’activité industrielle de Kartallozi, les tailleurs de pierre s’affairent au raffinement de cette matière capricieuse au sein des Hauts-Quartiers de Kartallozi où leur guilde est puissante. Là, les blocs d’ardoise débarqués par convois ininterrompus sont taillés en tuiles pour couvrir les habitations de la ville, ces toitures bleues ainsi érigées valent à Kartallozi son nom de Cité Bleue. Dans ces quartiers opulents, les hauts murs des demeures sont communéments blanchis à la chaux, offrant un plaisant contraste entre le pavé gris de la route, les murs blancs et la toiture bleutée.
Hormis la Guilde Asmare des Artisans de la Roche, de nombreuses autres corporations occupent la ville, telles que la Corporation Kartalliote des produits de la terre qui occupe le monopole de la truffe asmare ou la Compagnie Commerciale du Fleuve Nexhipi, enrichie du commerce avec Chiuggia et la Principauté de Gaçaféri. Aux abords du fleuve et des Monts, les bourgeois sont la population majoritaire ; le château des barons d’Asmarie, lui, domine le Pays Asmare. C’est un palais somptueux aux jardins garnis d’oranger et de grands chênes, le domaine est parfaitement circulaire et chacune de ses quatre portes mène à une allée qui conduit au château. Cette disposition en rayons place la propriété au centre d’un écrin de verdure où s’épanouit la Cour.
Les courtisans logent rarement au château, souvent, leurs habitations gravitent autour, au coeur de la campagne.
Les plaines fertiles et forêts denses du Pays Asmare accueillent une population active et travailleuse. Globalement, l’aisance y est plus commune que la misère et les sujets reconnaissants expriment leur gratitude à l’occasion de festivités saisonnières : les Foires de Mi-Brûmaire. Ces fêtes marquent le début de la saison de la truffe, denrée luxueuse qui fait entre autre la richesse du terroir, elles s’étalent sur un mois à partir des premières récoltes, c’est-à-dire de la moitié du mois de Brûmaire à la moitié du mois de Frimaire. A leur occasion, le baron d’Asmarie va à la rencontre des gens du pays qui exposent leurs produits sur les larges étals disposés le long de la Route des Saisons, voie circulaire partant du château et traversant la campagne pour s’enfoncer dans la vallée du Nexhipi avant de remonter vers la ville par les forêts qui la jonchent. Ces foires ont également des allures de compétition entre les vilains du pays asmare puisque c’est à leur occasion que le baron choisit les artisans et producteurs qui approvisionneront le château pour l’année. La perspective d’une telle garantie attire les convoitises ce qui donne parfois lieu à des comportements regrettables : sabotages des récoltes et des étals sont monnaie courante durant les jours précédent les Foires. Si elle revêt une activité particulièrement vivace durant ces festivités, la Route des Saisons demeure active toute l’année, les produits de tout le pays sont ainsi convoyés vers les quais établis le long du fleuve en vue de leur exportation.
Cette activité commerciale contribue largement à la richesse du lieu et de ses habitants, ainsi, autour des berges du fleuve, là où s’établissent les marchands de la Compagnie Commerciale du Fleuve Nexhipi le travail ne manque pas. Pour les jeunes alleutiers du Pays Asmare, devenir l’apprenti d’un marchand du fleuve est la promesse d’une aisance financière à venir.
Dans le delta du Nexhipi, Kartallozi est en mesure d’exporter ses marchandises dans tout le Continent. A cet effet, la voie la plus employée est la voie fluviale qui emprunte les quais de la Compagnie Commerciale du Fleuve Nexhipi, le long de la vallée de ce fleuve. Cette compagnie accorde aux commerçants désireux d’employer la voie fluviale la licence nécessaire à leur exercice. Se garantissant ainsi le contrôle de ces eaux, la Compagnie dispose d’une posture dominante dans le commerce entre la Principauté de Gaçaferi, le Royaume de Monteleone et les Terres Sacrées. La volonté complétionniste de protéger les moeurs locale en créant de la distance entre les marchands étrangers et la population kartalliote prends forme grâce à l’action de la Compagnie qui, par son rôle d’intermédiaire, minimise les rapports directs entre les deux parties. L’influence sodertalloise est quasiment inexistante sur le territoire de Kartallozi, les habitants sont assez distants vis-à-vis de ces étrangers dont ils ne connaissent que peu de choses.
Le territoire kartalliote est riche. Les maraîchages entourant les voies fluviales prospèrent grâce à une solide tradition agricole. La région au climat exceptionnel produit la truffe d’Asmarie, prisée pour ses qualités gustatives et son odeur caractéristique. Les côteaux de la vallée du Nexhipi sont garnis de vignobles qui produisent un vin doux et liquoreux, blanc, aux saveurs de acidulées de fruits jaunes, c’est le vin blanc d’Asmarie. La région est également connue pour la maîtrise de ses tailleurs de pierre.
La vie dans la cité de Kartallozi est relativement sereine. Il n’est pas rare qu’un soulard se fasse jeter hors d’une auberge mais le risque de se faire voler la bourse en échange de la vie sauve est rare, car la garde veille dans l’enceinte de la ville. Mais elle officie également le long des grandes routes commerciales qui mènent à Kartallozi, car le flux de marchands et de marchandise a, à une époque, éveillé de sombres projets dans des groupes de bandits de la région, aujourd’hui calmé par la présence des hommes d’arme.
La plus grande majorité des habitants sont des artisans vivant du travail des ouvriers en périphérie de la cité. Une seconde partie, moindre, sont des commerçants traitent et échangent leurs produits avec d’autres marchands venue de terres plus lointaine.