Avant toute chose, il est essentiel de comprendre que les règles et usages présentés ici ne sont pas de simples détails d’univers : ils constituent le socle même de la vie en cité.
Ils définissent les rapports entre les classes, la manière de se comporter, de parler, de s’habiller, de commercer ou même de prier. Ces codes, qu’ils soient implicites ou écrits, façonnent le monde et ceux qui y vivent.
Tout personnage, qu’il soit humble serf ou mercenaire aguerri, a nécessairement conscience de ces lois sociales. Les ignorer en jeu reviendrait à jouer un personnage sans repères ou pire, un insensé. Le respect de ces usages ne limite pas le rôle, il le renforce : comprendre les convenances, c’est savoir quand les contourner, les provoquer ou les défier avec justesse.
Les bases d’une société sont son ciment : sans elles, tout s’effondre.
Prenez donc ces règles non comme des chaînes, mais comme le souffle du réalisme ; celui qui fait d’un monde une véritable civilisation.
 
💡 Pour donner un parallèle contemporain : de même qu’aujourd’hui l'on ne se vêtirait pas d'un gilet pare-balles dans les rues, ou qu’on éviterait de tutoyer une figure de l'autorité, il serait incongru - voire dangereux - d’adopter, en Hennequince, des manières étrangères aux usages du temps. Ces codes sont le fil invisible qui distingue le civilisé du marginal.

Les gens du commun se doivent mutuel respect et mesure. Si les convenances sont moins strictes qu’entre castes, l’usage demeure empreint d’urbanité et de retenue.
Entre alleutiers, artisans et serfs affranchis, le vouvoiement est d’usage lors des premières rencontres ou dans les échanges formels (marchés, contrats, ateliers). Le tutoiement n’apparaît qu’entre pairs, proches ou compagnons de longue date.
Les titres d’adresse : “bonhomme”, “bonne dame”, “compère” traduisent un respect simple et suffisent souvent à marquer la politesse, autrement, l'on appelle par le métier.
Les rixes de taverne, querelles de voisinage ou injures publiques sont considérées comme des fautes communes et peuvent mener à :
La solidarité, elle, demeure une valeur forte : on partage le pain, on se porte secours, surtout dans les bas-quartiers où la misère frappe plus fort. Mépriser ou malmener un mendiant, un vieillard ou un infirme est perçu comme un geste honteux, voire sacrilège.
Le peuple n’est pas sans rudesse, mais il a mémoire des siens ; chacun sait qu’en un souffle, la fortune d’un jour peut devenir la pauvreté du lendemain.

L’attitude à tenir devant les nobles, hauts-bourgeois, membres du clergé ou érudits se doit d’être irréprochable. La hiérarchie est au cœur de l’ordre social et tout manquement à l’étiquette peut être interprété comme une insulte, voire une provocation.
Le peuple est tenu de marquer sa déférence :
Les hautes-castes, pour leur part, ne sont nullement tenues de rendre la politesse ; elles peuvent se montrer brèves, condescendantes, ou simplement distantes. Ainsi va l’ordre établi.
Le mépris ou la désinvolture envers un noble, un prêtre du Completionem ou un adjuteur, un érudit équivaut à un outrage. Selon la gravité, il peut conduire à :
Il est attendu de chacun qu’il sache tenir sa place : l’humilité fait la dignité des petites gens, comme la mesure fait la noblesse des grands.

Il est essentiel de comprendre que les notions de pudeur et de bienséance dans l’univers d’Hennequince diffèrent grandement de celles d’aujourd’hui. Ce qui peut sembler anodin à notre époque aurait jadis été jugé provocant, déplacé, voire déshonorant. Les convenances régissent non seulement l’habillement, mais aussi la posture, la parole et la manière de se présenter à autrui.
Pour les femmes, dévoiler le haut de la poitrine n'est pas considéré comme indécent. Les décolletés sont absolument convenables lorsqu’ils sont portés avec goût et mesure. En revanche, les épaules, les chevilles ou la gorge sont jugées inconvenantes. Les tissus fins, trop courts ou trop proches du corps sont l’apanage des artisans du plaisir. Le corsage doit être sobre, les tissus épais ou superposés, et les cheveux, idéalement, tressés ou apprêtés lorsqu’on paraît en public.
Les robes, pantalons, tuniques, manches longues, tabliers de travail et voiles sont marques de décence tant qu’ils ne compromettent pas la pudeur.
 
Chez les hommes, la propreté du vêtement, la sobriété du ton et la retenue du geste sont les marques d’un individu éduqué. Une chemise ouverte, une posture relâchée ou un torse nu en public sont perçus comme des signes de vulgarité ou de mépris des usages. Porter la main à son arme sans motif, élever la voix ou rire avec excès traduisent un manque de discipline. Les bras sont, ainsi que pour la gente féminine, couverts.
En toute chose, la mesure et la retenue priment.
Les élans d’affection en public sont jugés inappropriés.
La familiarité envers les gens d’un rang supérieur est une faute grave.
L’attitude se doit d’être droite, le regard modeste, le verbe contenu.
Ainsi, la décence ne se limite pas au vêtement : elle reflète la place sociale, l’éducation et la conscience de l’ordre établi. Savoir se tenir, c’est reconnaître à la fois sa dignité et celle du monde qui nous entoure.

Les couleurs sont un signe de rang et de fortune.
Si les teintures se trouvent plus aisément qu’antan, leur coût demeure un indicateur visible du statut social. Les vives couleurs tels le bordeaux, le bleu sous toutes ses nuances, le violet, le noir profond, le vert émeraude, de même que les fils d’or sont réservés à la noblesse et à la haute bourgeoisie.
Le peuple, quant à lui, se pare de teintes éteintes et pâles : beige, lin, brun, gris, vieux rose ou vert d’eau.
Le non-respect de ces usages, profondément ancrés dans les mœurs, vaut réprimande, amende, voire correction pour l’individu fautif et le tailleur ayant exécuté le vêtement.
Dans les petits bourgs isolés, la tolérance peut parfois être plus grande, mais il reste risqué pour un roturier de s’afficher dans des étoffes d’apparat : l’ostentation est vite jugée comme insolence.
Enfin, plus la couleur est vive, plus le colorant est cher ; ainsi, les vêtements des puissants ne se distinguent pas seulement par leur coupe, mais par la richesse de leur teinte.

Légende : les couleurs entourées en rouge sur l’illustration sont celles strictement réservées à la noblesse et à la haute bourgeoisie.

Les bijoux obéissent au même ordre hiérarchique que les vêtements.
Pour les basses castes, l’or est strictement interdit : il est l’apanage des nobles et des grands érudits.
Le laiton, le bronze, le cuivre et parfois l’argent sont tolérés selon la condition.
L’argent demeure le plus noble des métaux accessibles au peuple ; symbole de pureté et de discrétion quand bien même il précède l’or dans la hiérarchie symbolique.
Les bijoux communs sont plus épais, grossiers et simples, rarement ciselés ; à l’inverse, les pièces d’orfèvrerie nobles se reconnaissent à la finesse du travail et à la légèreté des formes.
Il est mal vu pour un roturier d’arborer trop de bijoux, ou d’en porter d’ample dimension : une telle ostentation est jugée vulgaire et perçue comme caricature d’opulence.
Un anneau sobre, un pendentif discret ou un bracelet ouvragé suffisent à marquer la décence.

Légende : les couleurs entourées en rouge sur l’illustration sont celles strictement réservées à la noblesse et à la haute bourgeoisie. Celles en vertes sont tolérées pour le peuple. Ces exemples font office de référence également en terme de couleurs pour les métaux représentés en jeu, sur les skins.

La chasse est interdite sur les terres d’un seigneur : y braconner est un crime puni avec sévérité.
La population vit essentiellement de pain, légumes et céréales.
La viande, denrée rare et chère, provient de l’élevage domestique (poules, lapins, chèvres) ou des fermiers des alentours.
La pêche, en revanche, est tolérée sur les rivières, étangs ou côtes proches.
Les marchés regorgent davantage de légumineuses, œufs, fromages et racines que de gibier.

Il est formellement interdit d’entrer dans une cité avec une arme dépassant un empan (soit environ 20 centimètres).
L’épée, la dague longue, autres armes et toute pièce d’armure doivent être remises à la garde aux portes de la cité.
En échange, l’individu reçoit un jeton nominatif lui permettant de récupérer ses effets à sa sortie.
Tout manquement à cette règle peut mener à confiscation définitive, voire à arrestation si la personne est suspecte.
Les mercenaires n’échappent pas à cette règle, sauf s’ils sont en mission officielle sous l’autorité d’un employeur ou d’une garde civique.
Dans ce cas, ils sont autorisés à porter leurs armes pour une durée limitée, le temps d’exécuter leur tâche.
Hors mission, ils déposent leur armement comme tout citoyen.

Les mercenaires ne sont ni vagabonds ni hors-la-loi.
Engagés par contrat, ils répondent aux autorités locales ou à un employeur dûment reconnu.
Ils font régner l’ordre dans les bas quartiers, là où la garde, souvent occupée par les affaires de la haute société, ne s’aventure guère.
Ils assurent donc le rôle d’une police populaire, parfois brutale mais nécessaire.
Leur conduite est néanmoins surveillée : un mercenaire indiscipliné, soupçonné d’abus ou d’excès, s’expose à des sanctions sévères, voire à la radiation de sa compagnie.
La mendicité n’est pas commune.
La société, bien qu’inégalitaire, repose sur la solidarité de proximité : le pain se partage, les familles s’entraident, les voisins se soutiennent.
L’indigence n’est pas une honte, et les âmes pieuses voient dans l’aumône un devoir de foi.
Être pauvre ne retire pas l’honneur d’un individu : un artisan honnête vaut mieux qu’un noble déchu.
Les mendiants ne sont donc pas chassés à coups de pied, mais souvent accueillis, nourris, voire employés en échange d’un service.
À Chasteau-Levallac toutefois, la situation diffère. L’afflux de réfugiés ayant fui les guerres et les fléaux a engendré une véritable crise de la misère : les rues regorgent de mendiants, d’enfants affamés et de blessés.

Le savoir est réservé aux gens instruits : scribes, prêtres, érudits et nobles.
La plupart du peuple sait lire les enseignes, compter et reconnaître les symboles de foi, mais ignore la géographie du monde ou l’histoire des autres nations.
Les Terres Australes, les tribus nisèbes ou certains peuples lointains sont inconnus du commun : leur existence relève presque du mythe pour la majorité.
L’éducation est transmise par les précepteurs ou le clergé pour ce qui est du petit peuple.
Les écoles sont rares, et le savoir se paie.

La foi demeure le ciment du monde.
Chaque cité, chaque hameau vit au rythme des cloches, des fêtes religieuses et des serments prononcés devant les autels.
La foi guide la morale, la justice, et les convenances sociales.
Parler contre le divin ou se moquer des dogmes établis revient à se placer hors du monde.
La tolérance existe, certes, mais la piété reste un marqueur de respectabilité.

L’échange charnel, lorsqu’il est consenti et encadré, n’est point déshonorant. La prostitution, loin d’être un crime, est reconnue comme un métier licite, tant qu’elle demeure régie par les autorités locales et respectueuse des convenances publiques.
Les maisons closes, appelées maisons de réconfort ou hospices des sens, sont déclarées auprès du bourgmestre et soumises à une taxe mensuelle. Elles assurent logis, soins et protection à leurs pensionnaires, sous la surveillance des mercenaires de quartier.
Les travailleuses et travailleurs du corps y sont considérés comme des artisans du plaisir, parfois même des confidents pour les puissants, et ne sauraient être insultés ni molestés sans encourir la loi.
Toutefois, l’exercice doit se faire dans la décence et la discrétion :
Les actes charnels dans les rues, les places ou les édifices religieux sont sévèrement punis ;
Le racolage public est interdit ;
Les maisons doivent demeurer closes la nuit tombée.
La prostitution libre, exercée sans établissement, est tolérée tant qu’elle reste silencieuse et consentie. Les contrevenants aux règles d’hygiène ou de respect mutuel sont remis aux autorités ou bannis des quartiers fréquentés.
Enfin, la foi ne condamne pas ces pratiques. Ainsi, les prostituées, hommes comme femmes, sont perçus comme des membres du peuple, dignes de protection, non comme des hors-la-loi.