Le Rocher-des-Parjures baigne dans le mystère, jusque ses origines. L’édifice daterait des premiers Hommes ayant peuplés le territoire montelan, soit plusieurs siècles avant l’arrivée du Completionem si ce n’est plus. L’Épistème, l’ordre scientifique ayant le plus théorisé à son propos, théorise la bâtisse comme étant le premier lieu de culte de renom : dans un but probable d’unification ou de paix, les premiers Hommes dispersées sous forme de tribus se seraient unis pour bâtir le Rocher-des-Parjures, permettant à chacun d’y vénérer ses croyances comme il le souhaite, au travers divers objets de culte amassés au centre du bâtiment.
Cette idylle spirituelle aurait ainsi attiré les peuples à effectuer des pèlerinages fréquents au nord de l’actuel royaume de Monteleone, créant un carrefour des religions et de nombreux brassages ethniques.
Les premières traces tangibles des environs suggèrent alors un déclin brutal de l’intérêt du rocher vers l’an 30 du calendrier completioniste, alors qu’apparaît une troupe de prêtres de ce même culte mené par un homme uniquement nommé comme étant “le Berger”. Est attribué à ce dernier, en raison de ses dogmes éloquents, la conversion des peuples vivant au sud des monts Anelli. De rares tablettes semblent insinuer qu’un jour, le Berger et certains de ses proches - ou ses plus fidèles fervents - serait venu au Rocher-des-Parjures et aurait méthodiquement détruit les idoles “impies” du lieu avant de l’investir une année entière, reconduisant les pèlerins pris par le désarroi vers Farhas et sa foi.
Les érudits d’Épistème théorisent alors qu’en l’absence des figures matérielles de leurs cultes, les différentes communautés se seraient ainsi soit dirigées vers la foi completioniste, soit auraient regagnés leurs terres natales en laissant l’oubli gagner le Rocher-des-Parjures.
Avant de sombrer pleinement dans l’amnésie générale, il semble que plusieurs siècles après son abandon primaire, le Rocher-des-Parjures ait servie durant l’épidémie de choléra du Ve siècle à contenir à l’écart des peuples de la région les malades, qu’ils soient mendiants ou illustres, avant qu’un triste incendie aux origines floues ne purge douloureusement les pénitents du lieu, ce qui expliquerait la sombre noirceur des pierres de l’édifice.
Oublié au sommet d’un pic rocheux dont les murs ne surpassent en rien la cîme des arbres qui l’entourent, le Rocher-des-Parjures occupe un territoire anciennement fertile de civilisations, aux abords du fleuve Sanguin et au pied des monts Anelli ; l’édifice se trouve dans la proche région de Faenza, bâtie nombre d’années après la désertion du temple remarquable.
Les ruines du Rocher-des-Parjures forment une immense enceinte ovale incurvée vers son centre en grande partie occupée par la végétation et dont l’entrée est surmontée d’une tour droite et rectangulaire, maintenant réduite de moitié à raison des années. Deux portes démesurées venaient fermer l’entrée de l’édifice, gravées de milles et un noms octroyés à des divinités ou des croyances aujourd’hui perdues parmi lesquelles figureraient autant le dieu Nisèbe que ceux du panthéon hennequin. Il ne reste aujourd’hui qu’une seule des deux portes, rongée aux deux tiers par le feu et affublée de nombreux coups de hache profonds de chaque côté, le second volet orne désormais le vestibule de l’Illustre Foyer d'Épistèmê.
L’intérieur du bâtiment est à ciel ouvert, bien des restes de tuiles de terre cuite et de nombreux orifices suggérant la présence de poutres laissent à penser qu’il en était autrement auparavant.
À l’intérieur, les murs semblent couverts d’anciennes runes aux origines différées qui serpentent jusqu’au sommet des murailles, ainsi que d’inscriptions grossières toutes singulières, gravées par-dessus les précédentes runes et aux multiples transcriptions ; certaines en langage commun supplient voir maudissent les potentiels lecteurs, tandis que d’autres hérétiques paraissent prophétiques ou diffamatoires.
En son centre, des bribes d’un muret émergent des gravats, cerclant ce qui serait d’anciens objets de culte, tous saccagés pour ne laisser que deviner la présence de statues.