C’est en 582, alors que la religion prend de l’ampleur dans la cité de Valenrgue en plein accroissement, que l’idée de la fondation du sanctuaire prend place pour la première fois. Il existait alors lieu de dévotion, un temple au sommet d’une colline avoisinant le bourg, dont les origines étaient si lointaines que nul ne savait dire avec précision quand il fut érigé. Ce même temple fut au cœur de la vision passée des dotés. Le seigneur de Valenrgue d’antan, dénommé Dalmard Mosnere, dit le Bon-Croyant, prit la décision d’y ériger le monument aujourd’hui connu. Se voulant très pieux, il y voyait là l’occasion de prouver sa dévotion au panthéon. La simple réalisation de plans prit plusieurs mois et la réunion des matériaux fut plus longue encore. C’est ainsi que le réel début des travaux ne fut lancé qu’en 584.
A son lancement, le projet du sanctuaire ne fit pas que des heureux, au contraire de nombreux fervents croyants s'élevèrent en opposition à la construction car cela signifiait détruire leur lieu de culte. Des tensions éclatèrent, mais furent rapidement réprimées par les forces armées de la cité. C’est ainsi que la construction aboutit après presque une vingtaine d’années de dur labeur, en l’an 602. La seule partie alors inachevée reste la statue représentant Mahen au centre de l’édifice, mais celle-ci déjà bien imposante se forge dès lors une réputation qui dépassera les frontières hennequines.
Quelques dizaines d’années plus tard, le sanctuaire désormais reconnu de tous comme étant le plus grand jamais érigé par les Hommes, devient un réel point de convergence pour les croyants. Tel un lieu de pèlerinage. Pour en modérer la population religieuse se forme alors un corps armé ayant pour but d’assurer la cohésion entre les différents courants et d’éviter toute forme de conflit au sein de l’édifice. Il compterait aujourd’hui plus d’une cinquantaine de combattants, bien que ceux-ci ne soient armés que de manière vétuste, ils constituent une forme de prévention contre toute forme de violence.
Il est aussi réputé que l’histoire du sanctuaire a frôlé une fin abrupte lorsqu’un glissement de terrain en 864 a presque fait s’écrouler la structure. Les réparations prirent du temps et il ne fut pas aisé d’empêcher l’effondrement du sanctuaire mais aussi et surtout de la statue monumentale de Mahen; aujourd’hui préservée de la chute par plusieurs armatures précaires.
Peu importe votre lieu de villégiature dans la région, la statue chryséléphantine de Mahen surplombe les cimes et les toitures. Les ailes de la déité seraient visibles à des lieux du sanctuaire par temps dégagé, devenant un repère pour quiconque séjournerait dans les environs.
Pour arriver jusqu’aux portes du temple, il vous faudra gravir un monticule traversé de longues marches de pierres, protégé à ses prémices de deux basses tours de pierre qu’utilisent les gardiens pour contrôler les foules.
Plus les marches vous précèdent, plus vous vous sentirez écrasés par la grandeur de la colossale Mahen, qui semble irrémédiablement pencher vers l’est. Appelée simplement « la Monumentale » par ses adeptes, l’immense statue chryséléphantine siège sur un massif socle sphérique fait de pierres milléniales au centre d’un jardin artificiel, parcourues de nombreuses gravures désormais intraduisibles pour les hennequins, représentant le monde connu pour certains érudits. La statue de la Mère des Dieux quant-à-elle, ajoutée nombre d’années plus tard, résiste bien moins aux affres du temps et incline vers l’est depuis un glissement de terrain en 864. La sculpture en elle-même renverse les canons de beauté artistiques des différents continents, constituée de lourdes plaques d’ivoires liées par de nombreux liserés d’or, la finesse des détails et des traits du portrait hypothétique de Mahen la rendrait vivante à qui veut le croire. Il est d’ailleurs commun pour les aubergistes de Valenrgue qu’un pèlerin fabule quelques mots susurrés par la Monumentale. Les nombreux drapés dorés qui caressent la peau de la déesse - de sa poitrine jusqu’à ses jambes dénudées - traduisent une carrure forte et pourtant d’une élégance certaine. Est toutefois dévoilé aux yeux de tous son sein gauche, couvrant son cœur et démuni de mamelon. Son visage aux traits implacables transpose la sévérité de Mahen, dont les longues mèches immaculées ornées de plumes et ondulant jusque ses épaules sont couronnées d’un majestueux et véritable crâne de dragon rayé d’or, tandis que son regard de saphir contemple l’horizon. Son bras gauche, en retrait, dévoile un poing fermé qui accueille une sage corneille dévisageant les adeptes au plus bas du talus sur son avant-bras. Son autre membre quant à lui se veut protecteur, gardant au creux de sa paume un œuf de jais aux coutures d’or représentant la création des Hommes. La Monumentale se termine enfin par deux immenses ailes naissant dans l’échine découverte de la divine, gracieuses et déployées.
Malgré la grandeur et la débauche d’apparat dont fait preuve la colossale sculpture bancale, l'œil avisé aura tôt fait de remarquer les nombreux nids d’oiseaux qui triomphent de la statue chryséléphantine et jonchent le dos de son plumage. De plus, le temps faisant inexorablement effet, chacune des plaques d’ivoire composant la statue pourrait être datée tant la noirceur des plaques les plus basses dénotent des plus récentes, à ses extrémités.
Une fois le besoin d’observation du monument vaincu, vous constaterez que le sanctuaire ne se résume pas qu’à la représentation de Mahen. Cette dernière est cerclée de deux longues allées couvertes jointes à l’opposé de l’entrée du sanctuaire pour former un unique bâtiment. Les trois façades intérieures qui enferment la Monumentale sont traversées de grandes arches qui laissent apparaître les statues - moins fastueuses - des 9 autres divinités du panthéon ainsi que leurs autels. Quant aux faces extérieures, elles sont parcourues de grands vitraux aux résilles de plomb, éclairant les allées de milliers d’éclats multicolores. Par-delà ces ailes est accolée une bâtisse plus récente et plus fragile, servant aux vigiles du lieu sacré, qui arpentent le lieu, imperturbables.
Reconnu tel que l’un des plus prestigieux édifices religieux, le Sanctuaire de Valenrgue fascine le continent entier, de nombreux pèlerinages étant exécutés tout au long de l’année pour se rendre en le cœur même du Panthéon hennequin.
L’on raconte que les royaumes étrangers furent eux même au fait de la construction d’un tel monument, tant les moyens et ressources investis en celle-ci demeuraient colossaux.
Véritable épicentre du culte hennequin, le sanctuaire de Valenrgue a su s’imposer tel que le plus fastueux autel abritant les différents courants de pensée du Panthéon.
C’est ainsi tout naturellement que le collège clérical du Panthéon s’installa en le cœur même de l’édifice afin de s’y rassembler.
Aujourd’hui, l’on considère que le sanctuaire de Valenrgue est devenu un lieu clé de l’histoire de l’Empire de Hennequince et de la Dotation en ces terres du fait de fabuleuses légendes contant une vision communément vécu par bon nombre d’individus dévoilant l’édifice avant ses grandes rénovations.