Les premières pierres de l’académie des Grandes-Chasses datent du Xe siècle, mais ses origines remontent à des temps plus anciens encore.
Au cours du IVe siècle, Reza Raad, ce qui se rapproche aujourd’hui d’une compagnie de mercenaires gagne en réputation et en influence auprès des nomades et marchands des régions gasques, traversant les siècles et attirant toujours plus de soupirants en quête de gain. Notamment en raison de l'opulence d’entités bestiales et dangereuses, ils ont bien vite la mainmise sur les contrats de traque et d’élimination de monstres durant des siècles.
À partir des années 700 il devient monnaie courante pour les commerçants les plus fortunés de faire appel au service d’un titulaire de Reza Raad comme précepteur auprès des domestiques, hommes de main voir de sa progéniture afin de les éduquer à la chasse des dangers de la faune.
À l’arrivée de Mezian Ier au trône en 914, leur influence est telle que le premier prince leur concède un terrain de premier choix, à l’intérieur-même de Hyseni Luya et à la frontière du quartier de la cime (ainsi proche du palais princier) pour s’assurer leurs faveurs. De plus, ils conclurent un accord dont seuls les derniers siècles remettent en cause sa légitimité et son financement, la couronne gasque prend en charge les coûts d’entretien et de rénovation de leur bâtisse en échange de quoi Reza Raad s’occupe des créatures les plus dangereuses sévissant au sein de la principauté.
Une fois le pacte scellé, Reza Raad en profitera pour rénover et adapter de nombreuses fois leur terrain, si bien qu’il ne resterait aucune pierre datant des premiers travaux.
Installant un comptoir pour recevoir les contrats et leurs commanditaires, la compagnie mercenaire voit affluer de plus en plus d’aristocrates souhaitant éduquer à leurs enfants les connaissances pour abattre les créatures monstrueuses et chimériques du continent, voyant-là une distinction honorable pout leurs maisonnées. En parallèle, pour assurer autant les contrats de la principauté que ceux de la population, Reza Raad nécessite une main-d'œuvre compétente en nombre, qui ne rechigne pas à la tâche peu importe sa valeur.
La compagnie voyant ses disciples les plus éminents répudier les contrats les moins honorables, les épées-louées vont alors décider d’ouvrir leurs portes à tous, devenant alors l’académie des Grandes-Chasses en l’année 995. Pour l’occasion, ils restructurent leur bâtisse pour accueillir autant roturier que bourgeois, les anciens mercenaires séparent le bâtiment en deux ailes pour séparer les castes, jointes par une grande cour décorée tapissée de sable fin. Cette distinction des classes sociales vient alors agrémenter les chasseurs de monstres de différentes appellations : les giboyeurs sont les roturiers s’occupant de la majeure partie des contrats, tandis que les veneurs sont les chasseurs bourgeois et nobles, qui ne prennent que peu de risque à la chasse et ne se déplacent que par honneur.
Cette situation idyllique pour l’académie voit son apogée trois siècles plus tard avec l’éradication lente et certaine des nombreuses chimères au sein des royaumes centraux amène l’académie à surveiller ses rentes.
Alors qu’ils se permettaient de renvoyer bourgeois voir nobles pour la moindre insubordination ou tout autre motif, l’académie devint de plus en plus aux petits soins envers ces derniers afin de garder un afflux d’argent. Toutefois, depuis le milieu du XVe siècle on dénote un nombre nettement supérieur de roturiers comparé aux bourgeois au sein de l’établissement, qui semble décroître irrémédiablement au fil des années. Ces derniers, traités comme des princes, se permettent alors tous les excès envers leurs camarades aux revenus moindres, renforçant toujours plus le sentiment d’ostracisation du peuple.
Il existe de nombreuses différences entre l’apprentissage suivi par les veneurs et les giboyeurs. Les premiers voient leur formation entièrement financée par leurs parents aisés, celle-ci se concentre alors plus sur la connaissance et le commandement de troupes. Les seconds en revanche n’ont pas le besoin de payer pour suivre leur formation, étant enfants de roturiers, néanmoins ils deviendront à terme de réels chasseurs de monstres, car ce sera là leur seule activité et leur moyen de rembourser leur dette auprès de l’académie.
L’enseignement de l’académie se divise en trois grands axes :
Sortis de l’académie, les veneurs peuvent reprendre la vie de leur choix et bien souvent dans des carrières militaires. Les giboyeurs cependant sont toujours soumis à l’autorité de l’académie qui peut les mander pour des missions bien précises ou les envoyer à la recherche de contrats dans de plus lointaines contrées. La majeure partie de leurs bénéfices seront alors reversés à l’académie. Au bout de cinq années de service, le giboyeur peut choisir de poursuivre dans cette voie à son propre compte, rester à l’académie en tant qu’enseignant ou épée-louée, ou bien changer de vocation selon son désir.
Reconnue au travers le continent entier, l’Académie des Grandes-Chasses fascine quoique son récent déclin puisse parfois faire obstacle aux novices souhaitant faire de la traque de bestiaux monstrueux leur profession. Aujourd’hui, une majorité des novices rejoignant la dite Académie se voudraient gasques, le nombre d’étrangers se dirigeant vers de telles études et pratiques faiblissant progressivement.
S’il fut longtemps honorable et apprécié que de faire de l’un de ses enfants un veneur, la tendance tendrait à disparaître de la forte baisse du nombre de créatures monstrueuses au cœur du Continent.