Postée au sein de l’île de la Nébuleuse, Talioferra est un village de grande taille, fondé en 975 sous l’égide du roi Illidio I de Monteleone et cédé à l’Empire Hennequin en 1602. La cité se dresse dans une plaine humide, adossée aux Monts Tizqar au nord-ouest. Sa subsistance repose sur l’agriculture — champs de blé, d’avoine, potagers maraîchers — ainsi que sur de rares vignobles, héritage montelan, dont la production demeure modeste mais réputée.
Malgré sa proximité avec la frontière de Gaçaferi, les hautes montagnes bloquent les voies commerciales, et Talioferra n’a jamais joui d’un essor comparable à celui de Faenza. L’Empire, depuis son acquisition, tente d’en faire un comptoir, mais le climat et l’isolement freinent son développement.
Au centre de la ville et de son activité trône le petit port de pêche qui permet aux habitants de la cité de subsister. Le port est entouré de nombreuses cahutes aux airs délabrés de pêcheurs et d’artisans travaillant au port et on y retrouve une partie concentrée de l’activité de la ville. Au pied des fins murs qui entourent la ville de Talioferra, plus à l’ouest, une multitude de petits champs de blé et d’avoine, un moulin et d’autres demeures très modestes complètent le paysage austère des alentours de la ville.
Au nord-ouest, au-delà du temple, s’étend la Tourbière : un amas de ruelles étroites, de masures branlantes et de tavernes troubles. On y vit au rythme de la luxure et du vice : bordels, jeux, bagarres et vols à la tire y sont quotidiens. La saleté et l’insalubrité des lieux sont proverbiales, et il est déconseillé de s’y aventurer seul la nuit.
Au bout du quartier, vers les berges embrumées, se trouve un port très modeste. Quelques barques y sont amarrées, permettant une pêche de subsistance et un faible trafic local.
C’est par la porte d’Onorina, principale entrée de la ville, que l’on pénètre dans Talioferra. Le quartier, situé au sud-est, est organisé autour de la petite chapelle Sainte-Onorina et de nombreux ateliers d’artisans. On y trouve forgerons, tisserands, potiers et charpentiers, mêlant maisons modestes et échoppes serrées. Bien que dense, le quartier est plus sûr que la Tourbière voisine.
Entre Onorina et la Tourbière s’élève un temple du Panthéon, fraîchement édifié par les colons hennequins. Sa façade de pierre claire et ses colonnes imposantes contrastent avec la misère des rues voisines, marquant l’empreinte de l’Empire sur la cité.
Au sud-est de la cité, la place de la Reine rassemble les bâtiments d’importance. La statue d’Immacolata I, sculptée dans le calcaire, trône en son milieu, fleurie chaque année par la population. Autour de la place se trouvent l’intendance, l’ambassade du Monteleone, et la caserne des gardes citadins.
Dominant la ville depuis les hauteurs, le palais de Hauteclocque — résidence du bourgmestre Lisandro Zambelli — se distingue comme un palais coloré, plus vaste et défensif qu’un simple manoir.
Principalement tourné vers la pêche, le bourg de Talioferra ne se veut pas particulièrement impliqué dans le commerce du continent de Monteleone. L’on peut cependant compter une importante production d’huile de poisson servant notamment à l’éclairage du bourg et à l’importation d’une maigre ressource vers les quelques bourgs environnants.
L’on retrouve cependant une certaine activité quant à la cueillette de diverses plantules et champignons au cœur des terres marécageuses bordant les murs de la petite cité. Si Talioferra ne se veut réellement attrayante sur quelconque plan, l’on constate tout de même un relatif intérêt de quelques herboristes des bourgs limitrophes pour la flore s’étendant au cœur de la Nébuleuse.
Plus récemment, l’on érigea moult entrepôts et comptoirs commerciaux afin de servir les desseins de la nouvelle souveraineté hennequine s’étant emparée des lieux.
L’artisanat au sein de Talioferra n’est que répandu et consiste surtout à fournir en outils et en autres matériel les pêcheurs et les serfs. Nouvellement occupé par la population hennequine s’étant installée en les lieux afin de porter son aide à l’édification d’un nouveau comptoir de commerce de grande ampleur, le quartier d’Onorina se voit profiter d’un afflux particulier d’artisans et ouvriers.
En raison des terres marécageuses inhospitalières de Talioferra, la cité n’est que peu exportatrice de ressources quoique l’implantation récente de l’Empire de Hennequince en celles-ci marque une nouvelle ère de développement. En effet, celui-ci aurait pour projets que de faire de Talioferra un grand comptoir afin d’exporter davantage de ressources vers Septentrion et vice-versa. L’on dépêcha ainsi bon nombre de bourgeois en devenir et riches commerçants afin de peupler la cité en plein essor.
Talioferra demeure une cité ayant mauvaise réputation au sein du royaume de Monteleone en raison de son fort taux de criminalité. En effet, au sein de la ville brumeuse, la population a adopté les crimes au sein de son quotidien et a formé sa vie autour de cela. Ainsi, les vols à la tire, agressions ou autres actions malvenues sont monnaie courante dans les quartiers autres que la place de la Reine en raison du manque de zèle de la garde qui se concentre autour des lieux d’importance.
Si la migration des hennequins vers le territoire montelan fut en premier lieu paisible, la cohabitation quant-à elle se voit parfois rythmée par divers conflits nourris par les différences culturelles des deux peuples. Rixes et incivilités sont dorénavant relativement fréquentes en la cité.
Autrefois caractérisée par une garde à la réputation molle et aux effectifs modestes, Talioferra était une cité peu sûre pour les personnes n’étant pas avertis quant-aux rudes conditions de vie locales. En effet, certaines précautions prises par les habitants, telles que rester enfermés la nuit, leur permettent de se protéger. Ne pouvant compter sur la protection occasionnelle des gardes talioferrands, le peuple règle d’ailleurs souvent ses problèmes en causant d’autres problèmes, à l’image de la désorganisation de la cité. C’est afin de régulariser la forte hausse de la criminalité que l’on éleva moult migrants hennequins aux plus hauts rangs de la caserne locale, celle-ci ne lésinant pas sur les moyens afin de mater les scélérats sévissant en la cité.
La société talioferranne est incarnée par un immense contraste entre l’élite confortable principalement d'origine montelanne et le reste du peuple - composé tant de natifs que de colons - qui se contente de conditions de vie bien plus déplorables que dans certaines grandes cités. Une légère hausse des richesses est cependant constatée depuis la venue des quelques migrants hennequins permettant de galvaniser l’activité économique de la cité. Ainsi les quartiers artisans de la cité se verraient dorénavant majoritairement composés d'ouvriers aisés venus de l’Ouest.
Bien que Talioferra compte au sein de ses murs une chapelle, la religion garde une influence limitée dans la ville de la Nébuleuse. Entourés par la corruption et la déchéance, de nombreux religieux investis à Talioferra finissent par sombrer également dans la disharmonie et l’avarice caractéristique des personnes influentes de la ville. Ainsi, bien que la piété soit forte au sein du servage, elle ne demeure qu’anecdotique pour le reste de la cité. Un sanctuaire destiné au culte hennequin fut cependant édifié en l’an 1605 - aux portes de l'actuelle Tourbière - à l’arrivée des premiers ouvriers de l’Ouest, la foi hennequine égalant désormais la foi completioniste en nombre de pratiquants.
La parade des bacheliers : Festivité organisée chaque année le dernier septidi de Floréal, la parade des bachelettes est une fête du petit peuple destinée à montrer les fils et filles de familles afin de leur trouver un prétendant. Tenant un panier rempli d’œufs avariés et se décorant de branches, de baies et de couronnes de fleurs, les jeunes célibataires défilent dans les rues de la ville en musique et en danse. Il est de coutume, une fois qu’un bachelier ou une bachelette trouve un prétendant, d’offrir une danse à ce dernier. Le prétendant accepte alors la danse s’il est intéressé ou écrase un œuf pourri sur le malvenu. À la tombée de la nuit, les nouveaux couples vont faire les présentations à leurs parents et les personnes couvertes d’œufs sont moquées.
Le cul du Fou : Grossière fête organisée tous les ans le 10 de Messidor, le cul du Fou est une des festivités favorites du petit peuple de Talioferra. La fête consiste à chasser dans la ville 3 bouffons qui cachent 2 petits sacs de grains dans leur pantalon afin d’obtenir un derrière démesuré. Chaque fou tient un petit jeton de bois qu’il remet aux personnes ayant réussi à voler un des sacs, offrant alors une tournée de boisson gratuite dans la grande taverne de la Tourbière.
L’anniversaire de la Reine : Défunte souveraine adulée pour sa beauté et sa sagesse, Immacolata I orne la place de la Reine en le biais d’une grande statue de marbre. Il est alors de coutume de vêtir la statue de fleurs et autres plantes esthétiques le 21 de Ventôse pour célébrer la naissance de ladite reine. Depuis l’occupation hennequine, l’anniversaire de la Reine est fêté par bien moins de personnes, bien que la statue soit toujours fleurie par nombre d’anonymes.
L’huile de foie de morue : Huile de poisson réputée pour ses bienfaits divers, les talioferrands sont friands de cette denrée qu’ils considèrent comme la solution à d’innombrables maux.
Le bersimora : Sablé très sec et friable, le bersimora est un gâteau talioferrand commun et fade ne nécessitant pas beaucoup d’ingrédients, étant fait simplement de farine de blé, de jus de citron, de beurre et garni d’amandes et de noix.
Le cuggiobianco : Plat savoureux et peu coûteux, le cuggiobianco est préparé en faisant bouillir du chou vert et des pommes de terre et en les garnissant ensuite d’une sauce à base d’oignon, d’ail, de sauge, d’huile d’olive, de sel et en le mangeant avec un peu de pain.
La bourride de baudroie : Ce mets préparé avec de la baudroie est un plat traditionnel savoureux, adapté à chaque foyer. Le poisson, cuit dans un fumet parfumé aux aromates, est servi nappé d’une sauce aïoli veloutée qui lui confère une onctuosité incomparable.