Sarçon a été des décennies durant un humble village de pêcheurs sur une île peu intéressante au nord-est du continent de Hennequince. Vivant de la pêche et de l’élevage, les habitants sont longtemps restés en dehors des tourments du continent, cultivant un art de vivre fortement lié à la frugalité de leurs conditions d’existence. Les rares rotations assurées par des bateliers du village permettent d’apporter poisson, viande et autres produits de la mer (notamment perles) sur le continent en échange de produits introuvables sur leur île.
Cependant, l’explosion démographique au sein de l’Empire et la demande toujours plus forte de perles et de nacre amènent désœuvrés sans le sou et marchands désireux de se faire une place dans ce négoce. Le village devient alors un petit bourg et connaît une petite activité économique florissante, contribuant à le faire connaître au sein de l’Empire.
En 1549, alors que les marchands étrangers sont de plus en plus acceptés sur le continent, le Podestat accorde une charte commerciale spécifique à Sarçon : les taxes sur les marchandises importées arrivant au bourg sont fortement réduites. Les effets ne tardent pas à apparaître avec une arrivée de négociants se faisant intermédiaires, et de toute une population attirée par la promesse d’emplois (notamment portes-faix). Mais tous n’ont pas su saisir cette opportunité ou la faire fructifier : très vite, de nombreux entrepôts ou locaux ont été abandonnés, leurs propriétaires ruinés. De même, une pègre locale s’est rapidement développée, manipulant les pauvres hères dans le besoin afin de monter de petites affaires de rapines.
De nos jours, Sarçon est loin d’être une bourgade tranquille où il fait bon vivre. La population, miséreuse, ne profite que peu des retombées économiques du commerce, tenu d’une main de fer par quelques grandes familles du continent.
Le quartier portuaire de Sarçon est à l'image de la cité : morne et sans intérêt. Les pêcheurs y entreposent leurs prises avant de filer dépenser leurs maigres revenus dans d'obscurs tripots où le mauvais alcool coule à flots. Les habitations entassées sont insalubres malgré les diverses tentatives de l'administration locale pour limiter les risques, notamment d'incendie, qui menacent le port. Les quais se remplissent de mendiants et de pauvres hères sans le sou à chaque arrivée de navire étranger, amenant le développement d'une activité d'escorte bien souvent assurée par des bandes de gros bras plus ou moins intéressés… et qui peuvent jouer un rôle totalement différent une fois la nuit tombée. La vie nocturne est très développé dans le quartier portuaire, avec nombre de lupanars plus sales les uns que les autres dont les tenanciers ne sont jamais très regardants sur la qualité du client.
La nuit tombée, le quartier portuaire devient un véritable coupe-gorge où même la milice locale ne patrouille plus. Il est de notoriété publique que l'administration a délégué le service d'ordre à un ponte de la pègre locale en l'échange d'une neutralité bienveillante lors des règlements de compte.
Le quartier central n'a de central que de nom : il n'est pas situé au centre de la cité. Il est en fait regroupé autour de la seule place de la ville, celle où se tient le marché quotidien, et autour de laquelle sont installés les principaux bâtiments administratifs. Ces derniers sont difficilement repérables au milieu des autres bâtiments usés par le temps, et les rares habitations de pierre sont dans un état de délabrement avancé. L'endroit est cependant connu pour la célèbre taverne du Cacique, seul établissement de loisir à peu près correct de la localité, et où la milice passe le plus clair de son temps. Les rues y sont cependant pavées mais cela n'empêche pas la misère de remonter du quartier portuaire, et rares sont les jours sans agressions ou autres tentatives de vol.